
lion et du tigre est", quant aux circonvolutions principales, le même
que celui du chat; le cerveau du loup, le même que celui du renard ,
du chien et de toutes les variétés de chiens, quelque différentes que
soient les formes extérieures de ces animaux ; car quelle différence, en
effet, entre les formes du basset et celle du lévrier ! Aussi les qualités
essentielles de ces genres sont-elles les mêmes, et les différences que l’on
remarque entre les facultés des variétés, ne proviennent que du différent
degré de développement des différentes parties cérébrales, comme je
l’indiquerai en traitant des forces primitives et de leurs organes. Tous
les mammifères ont les mêmes viscères, à des modifications de détail
près. Si les facultés intellectuelles et les qualités morales dépendoient
de parties, différentes du cerveau , ils devroient avoir tous , les mêmes
facultés et les mêmes qualités. O r, toutes les fois que l’on observe dans
les animaux des qualités et des facultés différentes, l’anatomie comparée
découvre des différences essentielles dans leurs cerveaux.
Ces circonstances fournissent une preuve irrécusable , que le cerveau
seul est l’organe des facultés intellectuelles et des qualités morales.
Troisième preuve.
. En parlant de l’influence qu’exerce l’état des instrumens matériels,
sur la manière dont les facultés de I’ame se manifestent, j’ai cité
plusieurs exemples de cerveaux défectueux , et j’ai dit que ces défectuosités
entraînoient toujours une imbécillité proportionnée à l’imperfection
de l’encéphale.
Le cerveau, décrit par W illis, pl. XVIII, fig. 2 ; deux autres qui ont
été examinés par M. Bonn, à Amsterdam, pl. XIX, fig. 1 ; un quatrième
dont M. Pinel conserve le crâne ; un cinquième semblable , qui ise
trouve dans la collection de l’Ecole de Médecine de Paris; deux crânes
semblables, qui font partie de ma collection, pl. XVIIl, fig. 1 , et
pl. X X , fig. 1 , 2, ont appartenu sans exception, à des sujets complète-
jnent imbéciles de naissance : tous contenaient tout au plus du quart
au cinquième de la masse ordinaire d’un cerveau humain, quoique les
sujets eussent atteint l’âge de sept, de onze, de vingt et de vingt-cinq
ans.
1 Lorsque la défectuosité, est moins marquée, l ’imbécillité est moins
pomplète dans les mêmes proportions. A Heidelberg , une fille de neuf
ans, dont j’ai déjà parlé, en traitant des dispositions innées, avoit à
peu près moitié de la masse cérébrale humaine ordinaire; elle montrait
de l’amour pour ses pavens , jouoit naïvement avec les objets les
plus insignifians, parloit par phrases hachées, etc.
Chez un garçon de seize ans, Vivant à Hambourg, les parties inférieures
antérieures du front, étoient bien développées, mais le front
entier avoit à peine un pouce de haut, de façon que les parties frontales
antérieures supérieures, ou manquoient, ou n’étoient pas développées.
Aussi, n’avoit-il l’exercice que des parties frontales, antérieures inférieures
du cerveau. Il apprenoit des noms, des nombres, l’histoire, et
étoit capable de réciter machinalement ce qu’il avoit appris ; mais il
manquoit absolument de la faculté de combiner, de comparer, de
juger, etc. J’ai vu, à Paris, un sujet semblable '.
Comme à côté d’une pareille défectuosité du cerveau, il n’existe
aucune défectuosité des autres parties du corps, qu’on ne rencontre
également chez des sujets qui ne sont point idiots , il faut attribuer
l’imbécillité plus ou moins complète de tels sujets au développement
imparfait du cerveau; il faut donc considérer l’encéphale
comme l’organe des facultés de l’ame et de l’esprit.
Quatrième preuve.
L ’expérience de tous les temps a prouvé que , lorsqu’au contraire
les facultés morales et intellectuelles s’exercent avec beaucoup d’énergie,
il existe un grand développement du cerveau ou de quelques-unes de
1 M. Richerand cite deux cas semblables : Nouveaux Eléuiens de Physiologie,
7". édition, T.II, p. 193. En traitant en particulier des qualite's fonda