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mais d’établir par les faits les plus irrécusables , pris de la physiologie
et de la pathologie, tant des animaux que de lhomme,
qu’il faut chercher dans le cerveau un organe particulier pour chaque
faculté intellectuelle, et pour chaque qualité morale essentiellement
distinctes.
Preuves de la pluralité des organes de Vame.
Pour me mettre à la portée de tous mes lecteurs, je suis obligé de
renvoyer plusieurs de mes preuves les plus irrécusables au troisième
volume, où je traiterai des forces primitives de lame etde leurs organes;
et de me borner ici à des points de vue généraux. Je divise mes preuves
en anatomiques, physiologiques , et pathologiques.
Preuves anatomiaues de la pluralité des organes de
Vame.
P R E M I È R E P R E U V E .
Les facultés, de l’animal sont doutant plus multipliées , que son
cerveau est plus composé.
La même progression qui existe dans le perfectionnement graduel
de l’organisme animal, en tant qu’il ne concerne que la vie végétative,
se retrouve dans le perfectionnement graduel des systèmes nerveux,
et de la vie animale qui en dépend. L’anatomie comparée a suivi le
perfectionnement graduel des animaux , depuis les vaisseaux absor-
bans les plus simples, jusqu’aux appareils masticateurs, diglutitifs et
digestifs les plus composés, jusqu’à la circulation la plus parfaite. Avec
chaque nouveau viscère, à chaque nouvel appareil des sens, on découvre
une nouvelle fonction, et cette fonction est d’autant plus
compliquée , que l’organisation du viscère ou du sens est plus
parfaite. L’estomac, les reins, les poumons, le cceur , l’oeil, l’oreille ,
sont d’autant plus compliqués, que leurs fonctions le sont davantage.
On peut démontrer que la même gradation existe dans la structure
du cerveau des différentes espèces. J’ai, à la vérité, montré dans le
chapitre précédent, que l’existence de telle qualité morale , ou de
telle faculté intellectuelle, ne dépend que de la présence de certaines
parties cérébrales déterminées, et nullement de la masse totale du
cerveau. Mais il n en est pas moins certain que le nombre de ces facultés
est en rapport direct avec les parties intégrantes du cerveau.
Chez les insectes, les poissons et les amphibies, la masse nerveuse
contenue dans le réservoir cérébral, est encore divisée en plusieurs
masses distinctes, et ces masses sont d’autant plus multipliées , que les
penchans , les instincts, et les industries instinctives de l’animal, sont
plus nombreux. La plupart de ces masses ne sont point des parties intégrantes
du cerveau proprement dit; ce sont des ganglions, dont naissent
le nerf olfactif, le nerf auditif, le nerf optique , etc. Les deux
hémisphères, proprement dits, se trouvent 'placés derrière les deux
ganglions du nerf olfactif; le cervelet chez ces animaux forme ordinairement
une poche creuse, quelquefois placée horizontalement, et quelquefois
repliée sur elle-même.
Chez les oiseaux , les deux hémisphères sont déjà beaucoup plus
considérables, quoique l’on ne découvre point encore de circonvolutions
distinctes. Le cervelet consiste encore uniquement dans la
partie moyenne ou fondamentale ; mais il paroit déjà composé de
plusieurs anneaux juxtaposés.
Dans les petites espèces des mammifères, clie'z les musareignes, les
souris, les rats, l’écureuil, la belette, etc., l’on ne distingue point
encore de circonvolutions. Mais comme elles sont déjà distinctement
formées chez d’autres rongeurs d’une espèce moins petite, chez le
castor, le kanguroo, etc., l'on peut supposer qu’elles existent également
dans les petites espèces que je viens de nommer.
Chez des mammifères plus grands, chez le chat, la martre, la fouine,
le renard, le chien, le singe, ces circonvolutions deviennent de plus en
plus distinctes et nombreuses, mais leur forme varie selon l'espèce.
Dans le dauphin, chez l’éléphant, et dans l’homme, les circonvo