
fibres se montrent plutôt dans les lobes postérieurs et moyens que
dans les antérieurs. La structure fibreuse du cervelet ne devient de
même visible que par degrés; .et ce n’est qu’après plusieurs mois que
les parties antérieures et supérieures du cerveau se montrent avec une
certaine énergie. Le cerveau se forme et s’accroît graduellement jusqu’à
ce qu’il ait atteint sa perfection ; et cette perfection n’a lieu
qu’entre vingt et quarante ans. A cette dernière époque, il ne semble
pas y avoir de changement sensible pendant quelques années ; mais
à mesure que l ’on avance en âge, l’ensemble, des systèmes nerveux
diminue graduellement, le cerveau s’amaigrit, se rapetisse, et ses circonvolutions
sont moins rapprochées.
Cet ordre successif et graduel de développement, d’état stationnaire
et de dépérissement du cerveau, sert à établir et à expliquer comment,
chez l’enfant nouvellement né, les seules fonctions sont celles des sens,
du mouvement volontaire, l’expression du besoin de nourriture, et
des sentimens obscurs déplaisir et de douleur; pourquoi tout cela n’a
même lieu quà un degré imparfait ; pourquoi l’enfant commence peu-
à-peu à faire attention aux choses extérieures , à agir sur elles, et à
manifester des désirs et des penchans déterminés; comment les impressions
sont conservées, et comment ces impressions deviennent des
idées et des notions; comment les propriétés commencent à agir et à
se manifester sous l’image de différens talens, ainsi que de divers penchans,
par exemple, de l’amour, de l’amitié, de la vanité, de 1 ambition,
de l’orgueil, etc,; comment l’enfant devient successivement adolescent,
jeune homme, et homme fait ; comment, à cette époque,
toutes les qualités de l’homme ont acquis leur plus grande énergie,
jusqu’au moment où elles commencent à décroître, et à perdre insensiblement
plus ou moins de leur durée et de leur force; enfin comment;
dans les vieillards, il ne reste plus que des sensations émoussées, et que
débilité d’esprit. On voit clairement, par cette succession de dévelop-
pemens , que les facultés de l’esprit et de l’ame, et leur manifestation ,
suivent pas-à-pas l’état de leurs conditions matérielles. La marche des
propriétés est la même que celle des organes. Rien ne sauroit donc
montrer plus évidemment que ces qualités sont innées, et que leur
manifestation dépend de 1 organisation.
2o, Lorsque le développement des organes des qualités de l’ame
et de l ’esprit ne suit pas l ’ordre graduel ordinaire, la manifestation
des fonctions de ces organes s ’écarte aussi de leur ordre accoutumé.
On observe assez fréquemment dans le rachitisme que les facultés
intellectuelles des enfans sont plus vives que leur âge ne le comporte.
La raison en est qu’un des effets ordinaires de cette maladie est de
donner au cerveau un degré extraordinaire de développement et d'irri-
tahilité. Quelquefois même une seule partie du cerveau se développe
de trop bonne heure, sans qu’il y ait aucune maladie ; et dans ce cas,
la fonction qui est propre à cette partie ne manque jamais de se
manifester en même temps. Nous avons , par exemple , observé plusieurs
enfans chez lesquels la partie du cerveau, qui est affectée à
l’amour physique, avoit acquis u n développement extraordinaire dès
l’âge de trois et quatre ans. Plusieurs de ces enfans étoient maîtrisés
par ce malheureux penchant, quoique leurs parties sexuelles, même
lorsqu’elles éprouvoient quelque agitation, eussent rarement acquis un
développement analogue. D’autres enfans manifestaient les phénomènes
delà virilité complète, tandis que leurs autres facultés étoient encore
sans développement. Nous citerons ailleurs plusieurs exemples semblables
relativement aux organes de chaque faculté. Arrive-t-il que les
différentes parties du cerveau, ou quela totalité du cerveau n’acquièrent
que très-tard leur maturité et leur solidité, l’état d’enfance et de demi-
imbécilité se prolonge alors jusqu’à l ’âge de dix à douze ans, Mais, à
cette époque, la nature semble travailler avec une énergie nouvelle
au développement des parties ; voilà pourquoi des enfans dont on
n’avoit espéré jusqu’à ce moment aucune capacité, deviennent quelquefois
en peu de temps des individus remplis de talens, C’est ce qu’a
éprouvé l’un des meilleurs et des plus aimables poètes de la Suisse.
Né dans une famille où le rachitisme est habituel dans la jeunesse, ses
instituteurs, quand il eut atteint l’âge de dix ans; le déclarèrent entièii.
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