
rieures. « L ’organisme , ditM. le professeur Aekermann ■ , quoique divisible
en plusieurs organes, offre cependant un tout complet dans lequel
tous les organes sont sortis d’un point, et où il faut que tous se réunis^
sent ». Mais il est malheureusement forcé de convenir que l’anatomie
du cerveau n’offre pas ce point principal où se réunissent tous les nerfs
des sens qui transmettent les sensations à l’organe de l’ame. Nous
avons au contraire prouvé, dans l’anatomie du cerveau,que ces diverses
parties prennent leur origine dans des points différens, et s’épanouissent
en larges couches nerveuses en des endroits également différens.
Van Swieten et Tiedemann ont déjà remarqué qu’un point de réunion
général, où les impressions de toutes les sortes arriveroient à la fois,
ne produiroit que de la confusion. Cependant M. le professeur Acker-
mann pense qu’unesemblable réunion de tous les nerfs divergens seroit
très-possible par le moyen d’une substance intermédiaire dans laquelle
ils se termineroient ; et comme, d’après son opinion, cela pourroit être,
il conclut péremptoirement que cela est. Mais à quoi servirait ce point
de réunion? Cette substance intermédiaire, très - subtile, devrait
occuper un espace au moins aussi considérable que celui de tous les
nerfs divergens, car autrement elle ne pourroit pas avoir de contact
avec eux ; et quand même ce point seroit aussi petit qu’un atome, en
seroit-il moins matériel?
Supposé que la pluralité des organes n’ait pas lieu de la manière
que nous la démontrerons en temps convenable, tous ceux qui ont
regardé le corps entier, ou le cerveau seul, comme l’organe de l’ame,
ne se trouvent pas moins que nous dans le cas d’avoir admis plus d’un
organe de l’ame. 11 est en effet certain, et tous les anatomistes conviennent,
que l’ensemble de la vie animale , et par conséquent le cerveau
, est double. Cet organe est composé de deux hémisphères, dont
chacun comprend les mêmes parties. Ainsi, nous avons tous un double
organe de lame, et nous serions tous des matérialistes, s’il sufïisoit,
pour l’être, de croire à la pluralité des organes.
’ L. c .,§ . 9».
. Si nous sommes des matérialistes parce que nous n’admettons pas
une faculté unique de l’ame, et que nous reeonnoissons plusieurs
facultés primitives, nous demandons si la division ordinaire des
facultés de l’ame en entendement, volonté, attention, mémoire ,
jugement, imagination , en affections et passions n’exprime qu’une
faculté primitive unique? Si l’on dit que toutes ces facultés ne sont
que des modifications d’une seule et même faculté, qui nous empêchera
d’avancer la même chose des facultés que nous admettons? Il est
bien évident que nous remarquons différentes propriétés de l ’esprit et
de l ’ame dans l’homme. Il faut donc ou que l’ame soit composée de
différentes facultés, ou bien qu’une seule et même ame produise des
phénomènes différens par le moyen d’organes différens. Or il est infiniment
plus aisé de se figurer l’unité de l’ame dans le dernier cas, que
dans le premier; et, par conséquent, le matérialisme n’est plus un
épouvantail qui doive éloigner de notre doctrine plutôt que des autres.
Chacun avoue que plusieurs fonctions entièrement différentes, que
l’on est obligé d’attribuer à l’ame, n’ont lieu en nous que par le moyen
d’organes différens. Le mouvement volontaire, par exemple, s’exécute
par le moyen des systèmes nerveux de la colonne vertébrale ; les fonctions
des sens sont attachées chacune à un appareil intérieur et extérieur
différens.
Il est vrai que l’on ne veut pas admettre la comparaison des mouve-
mens volontaires et des fonctions des sens avec les qualités de l’ame et
de l’esprit, parce que l’on regarde ces premières fonctions comme matérielles.
Mais comme ces fonctions se font avec conscience et en partie avec
volonté, on avance par - là que des organes, purement matériels, ont
delà conscience et de la volonté. Cette doctrine se rapprocherait ainsi
du matérialisme bien plus que la nôtre. On se verrait même contraint
de qualifier de propriétés matérielles la mémoire, l’intelligence, l’imagination,
les affections et les passions, les penchans et les inclinations.
Qui empêcherait les matérialistes d’accorder à la matière les autres
facultés qui s’appellent par préférence facultés de l’ame et de l’esprit?
11 en est tout autrement dans notre manière de voir, et notre doctrine