
mais sûre; une conception paresseuse pour l’amour et la haine; un tempérament
sec donne, au contraire, beaucoup d’erreurs, une mémoire
durable, l’attention pour un objet unique, une imagination souvent bouillante,
et des affections de Famé très-vives.
On répète ces assertions d’un siècle à l’autre, sans qu’on ait jamais
demandé ni examiné si elles étoient prouvées par une expérience constante.
Ce qu’il y a de certain, c’est que cette doctrine établit également
l’innéité des propriétés de Famé et de l’esprit, et la dépendance de leur
exercice de conditions matérielles. Que ces conditions résident toutes dans
le cerveau , ou qu’elles soient dispersées dans tout le corps, dans les viscères
, dans les plexus nerveux, dans le sang ou dans un fluide nerveux :
elles n’en sont pas moins des conditions matérielles qui tiennent les propriétés
de l’esprit et de l’ame dans leur dépendance. Cependant quoique
Sprengel regarde les propriétés de l’esprit et de Famé comme des conséquences
de l’harmonie des solides et de la combinaison des fluides ; il n’en
accorde pas moins à l’homme une volonté libre, et il dit expressément
que l’on ne doit s’en prendre qu’à soi-même, si l’on suit son tempérament
*. Pourquoi donc ne pas trouver bon que nous disions aussi que
l’homme ne doit s’en prendre qu’à lui-même s’il suit les impulsions de
ses organes; et que nous croyions, avec S. Augustin, que « Dieu, en
donnant le pouvoir, n’impose point de nécessité* ? »
Ce n’est même qu’en admettant différens organes pour les différentes
propriétés de l’esprit et de l’ame qu’on peut concevoir comment un organe
peut inciter à certaines actions, pendant que les autres organes produisent
des mouvemens et des idées absolument contraires. On comprend
ainsi comment l’homme, lorsque de mauvais penchans sont en mouvement,
peut, soit en lui-même,soit au dehors, trouver des motifs opposés
et prendre une résolution contraire. Où l’homme trouvera-t-il des motifs
opposés dans son intérieur; comment sera-t-il susceptible de recevoir
ceux qui lui viendront du dehors, si le principe de ses penchans, de ses 1
1 L. c ., §. 575.
* Lib. de litera et spiritu, c. 5i.
désirs, de ses facultés, enfin de toutes ses sensations et de toutes ses pensées
réside dans un seul organe ou dans l’ensemble du corps ? Lorsque le
sang crie vengeance, quelle partie intégrante du tempérament donnera
à l’homme le calme ou la force de se vaincre ? On peut donc affirmer que
la liberté morale ne sauroit exister qu’avec la pluralité des organes.
Voici encore une nouvelle difficulté dont différens auteurs allemands
ont parlé. Des observations que nous avons faites dans les prisons, il
résulte que nous avons déterminé pour les détenus , non-seulement les
dispositions de l’esprit et de Famé, mais aussi les actions de ces mêmes
détenus. Neseroit-on pas tenté d’en conclure que nous regardons comme
inévitables les actions pour lesquelles notre organisation nous donne du
penchant ?
Notre réponse à cette question ne pourra être complète que par des
discussions qui auront lieu plus tard. Nous nous bornons, dans ce moment
, à l’exposition générale de quelques-uns de nos principes. Elle
suffira pour faire comprendre notre conduite sous ce rapport, et pour
en écarter toute fausse interprétation. Les différentes facultés primitives
de Famé sont affectées à différentes parties du cerveau, de la même manière
que les diverses fonctions des sens sont attachées à divers systèmes
nerveux. Les fonctions des sens dont les organes sont plus considérables
plus sains et plus développés, ou ont reçu une irritation plus forte sont'
par cela même, plus vives. Le même phénomène se reproduit dans les
facultés de l’ame; les organes de çes facultés se manifestent avec plus
d’énergie, s’ils sont plus irrités ou plus développés. D’un autre côté, il y
a plusieurs organes dont le développement plus considérable se montre
par des circonvolutions plus grandes, plus grosses, plus élargies, plus
allongées sur la surface du cerveau; et ces circonvolutions sont, à leur
tour, représentées par des élévations sur la surface extérieure du crâne.
Que l’on ajoute à cela ce que nous démontrerons pour chaque organe
en particulier, savoir, que nous avons trouvé des moyens de déterminer
que telle ou telle partie du cerveau est l’organe de telle ou telle faculté de
l’ame; alors on comprendra comment, d’une élévation considérable et
déterminée du crâne, on a pu déduire un plus grand développement