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surent la perfection qu'ils ont acquise dans leur art, à la perfection de
leur oeil ; vqus verrez qu’ils vous parleront de quelque chose de
plus noble que la vision, et même lorsqu’il ne sera question ni din-
venter, ni de dessiner, ni d’exécuter, mais seulement de trouver le vé»
ritable ton et l ’harmonie des couleurs.
L ’exemple des fous et des imbéciles, réfuté ceux qui attubuent
encore au sens du toucher, l ’attention, la mémoire, le jugement, l’imagination,
nos désirs, nos facultés intellectuelles et même nos arts.
Comment expliquer enfin par les cinq sens, qui sont les mêmes chez la
plupart des animaux, la grande diversité de leurs instincts et de leurs
aptitudes industrielles? etc. Comment expliquer pourquoi telle espèce
d’animaux construit des nids, des terriers, pourquoi telle espèce vit en
troupeaux, telle autre isolée? pourquoi c’est tantôt la femelle seule qui
élève les petits, et que tantôt le mâle et la femelle concourent à leur
éducation ? pourquoi l ’homme, avec des sens moins parfaits, est infiniment
supérieur aux animauxxpar ses qualités morales et ses facultés intellectuelles?
pourquoi ces qualités et ces facultés varient beaucoup selon
l’àge, le sexe etc., tandis que les sens restent à peu près les mêmes?.
Il n’y a donc aucun rapport entre les qualités morales et les facultés intellectuelles,
et ni le nombre des sens externes, ni la période de leur développement
et de leur perfection. Les sens externes sont circonscrits à
leurs fonctions propres et spéciales ; ils transmettent au cerveau les
impressions du monde.extérieur; la manière dont ces impressions sont
mises en oeuvre, les différentes fins pour lesquelles elles sont ultérieurement
élaborées, dépendent de la différente nature des puissances internes.
On ne doit donc chercher la cause des qualités morales et des
facultés intellectuelles ni dans l’ensemble de la constitution, ni dans la
différence des tempéramens.
Plusieurs des physiologistes modernes déclarent qu’il est absurde de déduire
une qualité ou une fonction quelconque d’une seule partie, quelle
qu’elle soit. Il n’est aucune partie, disent-ils, qui soit capable d’agir par
elle-même : toute fonction, par conséquent aussi toute manifestation
des qualités morales et des facultés intellectuelles, ne devient possible
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que par l’ensemble de l’organisation animale. Cet ensemble de l’organisation
ne forme qu’un seul organe, et toutes les différences que nous
remarquons dans les fonctions de l’animal comme de l’homme, ne proviennent
que des différences de la constitution et du tempérament.
Chaque organe est soumis, sans contredit, aux lois générales de l ’organisme.
Les parties ne peuvent pas remplir leur destination avant que
d etre developpees et parvenues à un certain degré de perfection ; de-là
il resuite que chaque organe, quoique indépendant de tous les autres,
sous le rapport de ses fonctions particulières, doit être en communication
avec tout le corps en général, et avec les vaisseaux sanguins et
lymphatiques, les nerfs, etc. Mais si l’on en vouloit conclure que le
corps tout entier est l’instrument de chaque fonction particulière, ou
des qualités morales et des facultés intellectuelles en somme, autant
vaudroit dire : un oeil arraché ne voit pas, une oreille détruite n’entend
pas, donc c’est le corps, pris collectivement, qui voit et qui entend.
Mais pourquoi le corps, pris collectivement, cesse-t-il de voir, d’en-'
tendre, de secreter de la bile ou de la salive, lorsqu’il y a un dérangement
particulier dans l’oeil, dans l’oreille, dans les glandes salivaires,
dans le foie? Si tout ne dépend que de l’organisme pris collectivement,
pourquoi les physiologistes étudient-ils les fonctions des parties isolées,
et pourquoi la nature a-1-elle construit tant d’appareils divers, puis-
qu elle pouvoit parvenir à ses fins par un moyen unique ? Mais si elle a
construit un appareil particulier pour chaque fonction, pourquoi auroit-
elle fait une exception pour le cerveau? Pourquoi n’auroit-ellé pas
destine cette partie si artistement construite, à des fonctions particulières ?
Quant aux tempéramens, je ne puis pas m’arrêter ici à examiner si
1 idee qu on s’en forme est juste, et si la manière dont on les divise est
exacte, Laissons-les subsister dans le sens reçu par leç physiologistes.
Je demande : a-t-on raison d'en déduire certaines forces primitives,
déterminées, morales ou intellectuelles?
L idee que s’en formoient les anciens, se fondoit tantôt ; ur des principes
chimiques, tantôt sur des principes mécaniques, et varioit suivant
l’opinion qu’ils adoptaient sur le principe de la vie. Mais toujours ils
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