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quent, tout aussi peu décisives. Ce physiologiste soutient que les foetus
des animaux ont des sensations, et sont capables de mouvemens volontaires;
qu’ils éprouvent la faim, qu’ils ouvrent et ferment la bouche
ou le be c , qu’ils avalent une partie du fluide qui les environne , qu ils
se lèchent et avalent beaucoup de poils; qu’ils essayent même de marcher
et de sauter ’. (
Mais supposé que l ’existence de tous ces phénomènes fût demontree,
il ne seroit nullement prouvé pour cela qu’ils ne sont pas produits .au
moyen du cerveau. Car quoique le cerveau, même quelque temps
après la naissance, ne soit pas encore propre à exercer les fonctions
supérieures, celles de ses parties qui sont destinées à l’exercice des
fonctions inférieures, peuvent bien être suffisamment développées,
même avant la naissance. Ne voyons-nous pas que quelques animaux,
par exemple les poulains, les veaux, les poussins, etc., ont, au moment
de leur naissance, le cerveau et les organes des sens tellement
développés, qu’ils sont capables de fonctions bien plus relevées que
la déglutition et les mouvemens volontaires.
Comme les expériences précitées nous offroient tant de contradictions
, M. Spurzheim se décida à opérer en ma présence quelques
mutilations semblables.
Si l’on enlève la plus grande partje.de l’un et l’autre hémisphère du
cerveau à des pigeons et à des poules,.et que l’on fasse du bruit, ces
animaux manifestent distinctement qu’ils voient et qu’ils entendent
encore. Dans nos expériences, aucun de ces animaux mutilés ne voulut
manger sans secours; mais lorsqu’on leur introduisoit dans le bec du
pain ou quelque autre aliment, ilsl’avaloient très-bien. Des.lièvres que
nous avions mutilés de la même manière, voyoient et entendoient
également : ils couroient encore çà et là, et même mangeoient sans
secours. Mais jamais dans ces cas on n’avoit extrait ni le cervelet, ni la
totalité du cerveau. Toutes les fois que la lésion pénètre jusqu’à la base
■ Zoonomieou lois de la vie organique, par Erasme Darwin, traduit de
l’anglois par J. F. Kluyskens , T. L sect. XVI. g t p. a3i—a33.
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du cerveau, ou que l’on tente d’extraire le cervelet, les animaux meurent
sur-le-champ, et même la destruction des nerfs des sens devient
inévitable.
On ne peut donc conclure autre chose de ces expériences, sinon
que ce n’est pas le cerveau tout entier qui est nécessaire pour que les
mouvemens volontaires aient lieu, et pour que les organes des sens
remplissent leurs fonctions. Mais on ne peut pas décider par des expériences
entreprises à dessein, si une portion quelconque du cerveau
proprement dit, est nécessaire pour la production des mouvemens
volontaires, et pour que les organes des sens agissent, ni quelle partie
du cerveau est indispensable pour cela.
L ’on peut donc admettre comme certain, que toutes ces prétendues
expériences sur des animaux décapités , qui manifestoient encore la
sensibilité, et qui faisoient encore des mouvemens volontaires, ont été
inspirées par un penchant puérile pour les résultats singuliers, qu’elles
n’ont point été faites, mais qu’on les a imaginées sur de fausses suppositions.
J'ai cependant de fortes raisons de soupçonner que des systèmes
nerveux, qui n’appartiennent point au cerveau, et sans aucune intervention
de ce dernier, peuvent percevoir des impressions; c’est-à-dire
avoir des sensations, avoir la conscience ; qu’ils peuvent conserver le
souvenir des impressions reçues , et qu’ils sont capables de spontanéité
animale.
Raisons qui semblent prouver que les systèmes nerveux,
entièrement indépendans du cerveau, peuvent produire
aussi des sensations et des mouvemens volontaires.
i°. Il existe des animaux auxquels, sans fermer les yeux à l’évidence,
on ne sauroit refuser les mouvemens volontaires, le sens du toucher et
le sens du goût; quoique l’on ne déeouvre rien en eux qui puisse être
comparé avec le cerveau, proprement dit. Car, ce n’est qu’à raison