
Dans la section où nous avons traité des fonctions des sens extérieurs,
nous avons démontré que l’homme reçoit ses sensations et ses idées de
deux sources différentes : la première consiste dans ses facultés morales
et intellectuelles intérieures et innées; la seconde, dans les sens extérieurs
et les choses accidentelles du dehors. Si donc on veut juger convenablement
les actions de l’homme, il faut le regarder d’abord comme un être
tel qu’il existe par lui-méme, et ensuite comme un être entouré du monde
extérieur et destiné à la vie sociale.
Comme être agissant par lui-méme, nous le considérons encore, selon
la marche graduelle de l’organisation, sous deux rapports principaux ;
c’est-à-dire, comme animal et comme homme. Comme animal, il a,
jusqu’à un certain degré, une organisation commune avec les brutes , et
participe à leurs penchans, à leurs inclinations, à leurs facultés. Il est,
de même que les animaux, esclave de ses sens, et n’a point le libre usage
moral de ses facultés innées. Mais, comme homme, il est pourvu d’organes,
de facultés supérieures qui réalisent en lui le caractère de l’humanité
, et qui en font un être moral.
Dans l’état régulier de santé, l’homme ne se montre jamais comme
purement homme, ni comme purement animal; les divers rapports qui
résultent de son organisation mixte, doivent donc être pris en considération.
Alors seulement on peut se former une idée claire du degré de sa
liberté morale, et deviner l’usage que, suivant toutes les apparences., il
en fera.
Les rapports de cette organisation mixte présentent les cas suivans .
i°. Tantôt les organes des facultés humaines les plus élevées sont corn-
plètement développés, tandis que les organes des propriétés animales
n’ont qu’un degré médiocre de développement et d activité.
2°. Ou bien ce sont les organes des propriétés animales qui ont atteint
un haut degré de développement et d’activité, tandis que les organes des
facultés qui seules sont propres à l’homme, ne sont que peu développés
et peu actifs.
30 Qy bien les organes des propriétés animales et humaines ont toutes
acquis un développement et une activité considérables.
4°- Ou quelques organes particuliers, soit des propriétés animales, soit
des propriétés humaines, se manifestent avec un perfectionnement et une
activité extraordinaires, tandis que les autres n’ont acquis qu’un développement
et une activité médiocres.
5°. Ou enfin les organes communs aux animaux et ceux propres à
l’homme sont également médiocres ; et, dans cette médiocrité, il existe
une infinité de nuances et de variétés.
Quand les propriétés d’un ordre supérieur l’emportent de beaucoup
sur les propriétés animales ou d’un ordre inférieur, Celles-ci ne peuvent
déterminer les actions de l’homme, qu’autant que les propriétés d’un
ordre supérieur les maintiennent en activité et les dirigent. Les mou-
vemens intérieurs et la conduite toute entière d’hommes ainsi organisés,
ne sont que perfection et moralité. Ils ont été élus par l’éternelle
providence pour servir d’exemple et de modèle. Ne vouloir et ne Faire
que le bien, connoîlre et désirer les choses célestes, agir avec droiture
rendre toujours hommage à la vérité, faire entendre la voix de la sagesse ’
tels sont, en dépit de l’ingratitude et des persécutions, les premiers les
prindpaux besoins de leur ame. Cependant de tels hommes ne sont pas
a l abri de toute tentation. Jésus-Christ même fut tenté \
Le contraire de ces hommes se montre dans ceux dont les organes des
facultés supérieures ne sont que peu développés et peu actifs, tandis que
leurs organes animaux ont un développement et une activité très-consi-
derables. Dans ceux-ci, tout est soumis à la brutalité des sens! Les tentations
sont nombreuses et violentes; l’homme court d’autant plus souvent
e danger de succomber, qu’il reçoit moins de Secours des facultés supé
rieures, à raison de leur extrême foiblesse; trop heureux, lorsque les
penchans qui agissent en lui, ne sont pas du nombre des plus nuisibles!
Dans le cas ou les propriétés animales et humaines sont également très-
actives, il en résulte des hommes qui peuvent être grands dans le vice
comme.dans la vertu, suivant qu’ils laissent dominer les propriétés qui
portent au bien, ou celles qui les portent au mal. Ce mélange, lors-
St. Mathieu,IV.