
que c’est du perfectionnement des organes que résnlle la possibilité de
leur exercice. Point du tout, dit M. le professeur , les organes sont
anéantis dès qu’ils ne sont pas exercés, parce qu’ils sont identiques avec
la manifestation de leurs facultés. Mais, s’il en étoit ainsi, comment et
d’après quelles lois pourroit-il concevoir comme possible la naissance
des organes? Nous renvoyons M. Ackermann à la page 57, où nous
avons déjà réfuté la même hypothèse.
Objection.
« §. 76. Si, d’après l’hypothèse de M. le docteur Gall, nous voulions
admettre un organe du meurtre, il ne pourroit exister sans le meurtre
même; personne ne pourroit avoir l’organe des tons, ni celui des arts,
sans être musicien ou artiste. Supposons pour un instant que quelqu’un
ait hérité d’un pareil organe, ou l’ait acquis à force d’exercice, dès que
cet organe ne sera plus maintenu en activité, il perdra peu-à-peu de sa
grosseur, et enfin disparoîtra entièrement ».
Réponse.
M. Ackermann veut absolument que l’on ne puisse pas se dispenser
de faire les choses pour lesquelles on a reçu des conditions matérielles
ou des organes. Il ne s’aperçoit pas qu’il est en contradiction
avec lui-même. Suivant lui, le limaçon dans l’oreille est l’organe de la
musique ’ ; suivant lui encore, les couches optiques et des sens bien organisés
sont l’organe des arts imitatifs * ; il veut de même que l’oirgane de
la peinture soit un oeil exercé 3. Or s’il est vrai qu’aucun organe ne puisse
exister sans se manifester et sans s’exercer, il faut donc que chaque homme 1
1 L. c., §. 157.
» L. c .,§ . 160.
s L. c. , §. i 56.
et chaque animal qui ont le limaçon dans l’oreille, soient musiciens; que
tout homme et tout animal qui ont des couches optiques et des sens
bien organisés, soient habiles dans les arts imitatifs, et que chaque homme
et chaque animal qui ont un oeil exercé, soient peintres. Nous ne ferons
pas remarquer combien il est singulier d’entendre dire qu’on peut
acquérir un organe, à ceux qui prétendent connoître à fond les véritables
principes de la physique de l’organisme.
Objection.
V §. 77. Lorsque l’organe s’atrophie, la faculté on l’aptitude qui a existé
par cet organe cesse aussitôt. C’est ce que l’expérience nous apprend. Un
musicien de la première force, s’il ne cultive plus la musique, perd la
faculté de percevoir et de rendre les tons; le peintre perd son talent,
lorsqu’il ne l’exerce plus. C’est ce qui a lieu pour tous les organes du
corps animal. Les muscles de quiconque a été obligé, par maladie, de
rester long-temps étendu sur son lit, s’atrophient, et la faculté de se
mouvoir diminue dans la même proportion. L’oeil s’atrophie dans l’obscurité
de la prison, et la faculté de voir s’altère proportionnellement :
que faut-il de plus pour prouver que, sans manifestation de la faculté
aucun organe ne naît ni n’existe, et que la diminution et la cessation
d’activité amène le dépérissement et la disparition totale de l’organe ?n
Réponse.
Nous avons plusieurs fois réitéré notre profession de foi : c'est que lé
défaut d’exercice peut retarder l’activité et le développement d’un organe.
C’est sur cela que nous fondons le conseil d’entraver chez les enfans,
autant qu’il est possible, l’exercice des organes qui peuvent devenir dangereux;
d empêcher par là la facilité d’agir qui en seroit la suite, et de
favoriser, au contraire, l’action des organes dont la tendance est avantageuse;
mais nous n avons jamais inféré de-là que, sans manifestation