l’éléphant de six à treize pouces. Chez d’autres animaux, on mesure
d’ordinaire , en partant des sinus frontaux, au lieu de mesurer en
partant du cerveau. Ce sont ces considérations qui déterminèrent
M. Cuvier à mener la tangente, non par la surface extérieure du crâne,
mais par la surface interne. Chez le vieux loup et chez beaucoup d’espèces
de chiens, surtout lorsque les individus sont très-vieux, le cerveau
est placé absolument en arrière des sinus frontaux. Chez le loup, surtout
chez la grande variété la plus féroce, il est déprimé comme dans
l’hyène; chez le chien , il est placé, selon l’espèce, plus ou moins haut;
et malgré cette différence dans la situation de l’encéphale, la ligne
faciale, prise comme on la prend communément, doit être la même ; il
faudrait donc supposer que le chien, le loup et l’hyène ont les mêmes
qualités et au même degré. Chez la plupart des rongeurs , chez le
morse, etc. ; le cerveau est tellement déprimé, et placé tellement en
arrière des sinus frontaux, qu’on ne peut pas 'du tout mener de ligne
faciale. Chez les cétacées, vu la singulière conformation de leur tête, la
ligne faciale conduirait à des résultats absolument faux.
Je connois plusieurs Nègres qui, avec des mâchoires très-saillantes,
ont des facultés intellectuelles très-distinguées. Cependant, la saillie
des mâchoires rend l’angle facial bien plus aigu qu’il ne le serait avec
la conformation ordinaire des Européens. Pour que le même angle
existât chez un Européen, il faudrait que le front fut applati et fuyant.
Chez les Nègres en question, le front est au contraire très-bombé. Qui,
dans ces circonstances, s’attendra à trouver un même degré de facultés
intellectuelles, correspondant au même angle facial?
La ligne faciale n’est pas applicable non plus aux o.iseaux, comme
plusieurs naturalistes l’ont déjà observé.
D’après ce que nous venons de dire, on devrait s’attendre à voir les
naturalistes et les physiologistes, renoncer enfin à la ligne faciale de
Camper.
Sur la ligne occipitale de Daubenton.
Daubenton mène une base , par le bord inférieur des orbites et le
bord inférieur du trou occipital ; puis une autre droite, par les condiles
laquelle coupe transversalement la base. M. Blumenbach a déjà observé
que chez toutes les espèces d’animaux, sans en excepter aucune l ’in
tersectionde ces lignes forme un angle de quatre-vingts à quatre-vingt-
dix degrés. La ligne occipitale n’indique donc pas même les différences
les plus frappantes qui existent dans les cerveaux des espèees les plus
disparates, et elle ne tient aucun compte ni des parties supérieures^ ni
des parties antérieures, ni latérales; par conséquent, elle n’est d’aucun
usage.
Il résulte de tous ces essais infructueux, que, jusqu’à nos joffrs, on ne
connoissoit assez, ni la structure du cerveau , ni ses fonctions , pour
avancer quelque chose de positif, soit sur la nature des qualités des
animaux, soit sur le moyen d’estimer à quel degré ils les possèdent.
Il ne me reste plus qu’à placer le lecteur dans le point de vue convenable,
pour apprécier les avantages que nos découvertes promettent
à l ’un et à 1 autre égard.
Sur l’interprétation des différentes formes de la tête.
^ 11 ne peut être question d’interpréter les différentes formes de la '
tête ou du crâne, qu’autant qu’elles dénotent les formes du cerveau.
Celles des formes du crâne qui sont indépendantes des formes du
cerveau , n’ont aucune signification dans la physiologie cérébrale.
Celles au contraire qui sont résultées de l’influence du cerveau
doivent avoir nécessairement une signification précise, puisqu’elles ne
sont qu’une suite du développement soit de tout l ’encéphale, soit de
telle de ses parties intégrantes.
L’art d interpréter les formes de la tête, suppose , comme on le
conçoit sans peine, la connoissanee des fonctions du cerveau et de celles
de chacune de ses parties; satisfaire dès à présent.la curiosité du lecteur