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que ces difficultés soient ou non résolues. Aussi j abandonne Cette matière,
et je passe aune question plus importante, et qui ne présente
pas de difficultés insolubles,
Le cerveau peut - il être considéré , exclusivement,
comme l organe des facultés intellectuelles et des
aualites morales?
Pour approfondir d’autant mieux cette question, je commencerai
par prouver à quelles parties il est impossible d attribuer les facultés
intellectuelles et les qualités morales. Cette déduction me conduira
à établir qu’il faut reconnoître en effet exclusivement le cerveau
pour l’organe des facultés intellectuelles et des qualités morales,
PREPVES NÉGATIVES,
On nepeut chercher, dans aucune partie du corps que dans le cerveau,
la condition matérielle des facultés intellectuelles et des qualités
morales,
Si pour le moment nous exceptons les différens systèmes nerveux,
il n’existe pas de partie du corps animal qui soit organisée de manière
à ce qu’on puisse la croire propre à remplir des fonctions supérieures,
ou à produire des instincts, des aptitudes industrielles, des passions,
des facultés, la volonté, la raison. Qui attribuera jamais de semblables
fonctions aux os, auxligamens, aux membranes, aux muscles, au tissu
cellulaire, aux vaisseaux, aux glandes, etc.?
D’après l’opinion reçue l’on pourroit être tenté de regarder le coeur
comme le si'ége des qualités morales ou des vices, tels que la douceur,
la générosité, le courage, la cruauté, etc. Mais du moment où l’on sait
que le coeur n’est qu’un muscle construit avec un art admirable, composé
de cavités, de valvules, d’une infinité de petits muscles et de
petits tendons qui se croisent de mille manières diverses, du moment
où l’on n’ignore pas que le coeur est l’instrument principal delà circulation
du sang, cette idée tombe d’elle-même '.
Quelques physiologistes ont voulu attribuer au diaphragme l’honneur
des fonctions supérieures'} mais le diaphragme n’est aussi qu’un muscle
tendineux, dont les fonctions sont affectées à la poitrine et au bas-
yeptre.
Un physiologiste poete a rêvé que le foie étoit composé de deux
substances semblables à celles qui composent le cerveau. En conséquence
de cette idée, il trouva le foie très-propre à être, dans son
état de santé, l’organe de la raison, et dans son état de maladie, celui
de la folie. Le foie a manifestement pour fonction principale de sécréter
la bile ; et l’on imaginera difficilement que ce fluide soit l’intermédiaire
entre l’ame et le corps.
Plusieurs des qualités que l’on attribue aux viscères, ne se manifestent
que long-temps après l’époque du développement de ces viscères. Le foie,
les glandes, etc., sont développés dans les jeunes animaux et dans les
enfans, long-temps avant que les qualités ou les facultés qu’on en fait
dépendre se manifestent, et Ces qualités et ces facultés ne subissent pas
nécessairement des modifications lorsque le foie, les glandes, etc., se
trouvent irrités, enflammés, ulcérés, ete.
Plusieurs passages de la Bible paroissent supposer l’idée que les reins
et le coeur sont le siège et la source des pensées les plus intimes et des
desseins les plus secrets. Mais, Dieu sonde les reins, peut très-bien
1 M. Richerand considère le courage comme la fonction morale du coeur.
Voici comme il s’exprime à ce sujet : « Le Coeur est plus gros, plus fort et plus
robuste chez les animaux courageux, que dans les espèces foibles et timides »....
..,...« On objectera, peut-être, que certains animaux, tels que le coq d’Inde,
l’autruche, sont moins courageux que le plus petit oiseau de proie; que le
boeuf lest moins que le lion et plusieurs autres carnivores. Il ne s’agit point
ici du volume absolu du coeur, mais de sa grosseur relative. Or, quoique le
coeur d’un éperviersoit absolument moins gros que celui d’un coq d’Inde, il
l’est bien plus proportionnellement aux autres parties de l’animal » (Nouveaux
Siemens de Physiologie ;.7*'. édit. T. I , p. 3aa),
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