
d’une portion du cerveau , et par conséquent une plus grande énergie
d’une qualité déterminée.
Si dans la vie sociale nous apercevons chez quelqu’un le signe extérieur
d'un organebien développé, nous pouvons dire avec assurance que, dans
cet homme, la disposition de la faculté qui appartient à cet organe est
plus forte que les dispositions de ses autres qualités. Mais nous ignorons
si les circonstances ont permis à ce même individu de se livrer à ce que
lui inspire cette disposition principale. La naissance, l’état, l’éducation,
les lois et les usages, la religion, ont la plus grande influence sur les occupations,
sur le perfectionnement et l’exercice des organes , ainsi que sur
le caractère moral de l'homme ; il seroit donc téméraire de conclure que
les actions d’un individu répondent à la faculté qu’on peut remarquer
en lui. En voyant l’organe des tons ou celui des arts mécaniques très-
développés, on peut affirmer que l’individu a une grande disposition ou
du talent pour la musique, ou pour les arts mécaniques ; que, dans sa
jeunesse , il aura eu, dans ces mêmes arts, plus de succès que ses camarades,
et que probablement encore, après les devoirs de son état actuel, il
en fait son occupation favorite ; mais nous ne pouvons pas dire qu’il soit
réellement musicien ou mécanicien. S’il s’agit de penchans capables de
conduire à des actions nuisibles et contraires aux lois, nous nous abstenons
de juger, parce que nous admettons que les hommes sains et
raisonnables sont en état, par des motifs nobles et par l’effet d’une heureuse
habitude, de dompter ces penchans, ou de les employer d’une
manière légitime. C’est pourquoi nous ne nous livrons pas à de pareilles
recherches dans nos rapports sociaux, surtout lorsqu'il n’en peut résulter
aucune instruction.
Dans une prison, au contraire, les erreurs sont moins faciles. Nous
pouvons, par l’inspection d’un organe très-développé dont l’abus conduit
à des crimes, prononcer avec assez d’assurance sur la nature d’un délit.
D’abord c’est à cause d’un délit qu’un individu est détenu ; ensuite on sait
que 1 homme excité par des penchans énergiques, s’il n’est pas retenu
par des motifs puissans , s’abandonne ordinairement à son inclination
naturelle. On a donc beaucoup de raison de supposer que le délit pour
lequel il est puni, est celui pour lequel on lui trouve une disposition
marquée. On peut, à la vérité, se méprendre ; des circonstances fortuites
peuvent quelquefois, un certain temps, pousser l’homme à des actions
pour lesquelles il n’éprouve pas de lui-même une impulsion très-forte.
Souvent nous trouvons des voleurs et des assassins dans lesquels les organes
qui se rapportent au vol et au meurtre n’ont pas acquis un développement
extraordinaire. Mais, dans ce cas, le malfaiteur a été entraîné par
la séduction, par la misère, par des passions fougueuses, telles que la
jalousie, les offenses, une querelle, ou d’autres occurrences malheureuses.
On se trompe rarement, s’il s’agit de malfaiteurs déterminés; dans
ceux-ci, le développement de l’organe est évident. Si les traits du visage,
les gestes, le maintien, le langage décèlent un défaut d’éducation ou d’exercice
des facultés intellectuelles; si le reste de l’organisation du cerveau
n’est pas favorable, il arrivera presque toujours que les actions s’accorderont
avec l’organisation, sans qu’il y ait eu pour cela défaut de liberté.
C’est d’après ces maximes qu’à la Conciergerie (Stadtvogtey) de Berlin j
nous avons prononcé non-seulement sur la nature des délits d’un détenu ’
mais aussi sur la grande difficulté de corriger son penchant opiniâtre au
vol. Nous déclarâmes que ce détenu , nommé Columbus, étoit le plus
dangereux parmi les adultes qu’on nous avoit présentés. Columbus fut
ensuite condamné à une détention de trois ans , après l’expiration desquels
on l’élargit en 1808. Mais à peine eut-il joui un mois de sa liberté
qu’il fut renfermé de nouveau. Dans ce court intervalle, il avoit commis
dix vols plus ou moins considérables, et très-difficiles à exécuter ’.
Si l’individu paroît avoir reçu de l’éducation, ou si plusieurs des organes
d’un ordre plus élevé sont avantageusement développés, le jugement
a porter n’est plus aussi certain ; le penchant aura été plus facilement
combattu; il est au moins à présumer que l’action illégale d’un tel individu
aura été modifiée par quelque particularité; mais ces cas exigent
? Ce fait est rapporté dans la feuille allemande intitulée Morgenblatt, 1800
16 am.H". „ 6 ; mais il est dénaturé et confondu en partie avec un autre fait
dont nous parlerons plus bas.