
tètes sans cerveau. Quand meme nous ne saurions pas maintenant au juste
en quoi pèchent ces prétendues observations, la manière dont Morga-
gni les"a jugées, suffiroitpour nous les rendre suspectes; cet observateur
exact et fidèle, étant parvenu ainsi que Bonnet, Vesahus, Tulpms
et d’autres, à découvrir le cerveau dans des cas absolument semblables,
adresse à ce sujet des reproches à Duverney,
Lauffer rejette à la vérité aussi l’observation de Zacutus Lusitanus,
parce qu’il sait que dans le c a s a l l é g u é par cet anatomiste, le cerveau étoit
dilaté en une membrane mince ; mais il parle lui-meme d un enfant nouveau
né, dans la tête duquel il ne trouva que de l’eau, et point de |ubs-
tance cérébrale. Il s’efforce de prouver que le cerveau avoit antérieurement
existé, mais qu’il avoit été dissous par l’eau. En général on admet-
toit communément que dans l’hydrocéphale, la substance cérébrale est
dissoute par l’eau; l ’on désignoit cette dissolution sous le nom particulier
de colliquatio ou dissolutio cerebri-, c’est pourquoi Bcerhave croyoit
qu’à un feu modéré on pouvoit convertir le cerveau en une vapeur
subtile. Haller et M. Sômmerring parlent de ces observations erronnées,
sans se croire obligés de les nier.
Ceux même qui regardent le cerveau comme l’organe de l’âme, croient
que dans l’hydrocéphale il est fondu, et c’est par-là qu’ils expliquent la
foiblesse des sens et des facultés intellectuelles, ou l’imbécillité complète
qui leur paroît une condition nécessaire de cette maladie. Walter de
Berlin dit expressément : « Dans l’hydrocéphale interne la substance médullaire
est amollie par l’âcreté de l’eau, et së liquéfie, mais elle est refoulée
vers la périphérie, de façon que lorsqu’en examinant un cerveau
semblable, l’on fait une ouverture à la substance corticale, qui dans cet
état, à raison de la pression quelle a éprouvée, n’est épaisse que d’une
ligne, l ’eau s’écoule en entraînant une quantité plus ou moins considérable
de substance cérébrale dissoute ». « Cela me fait comprendre, continue
cet anatomiste, pourquoi des personnes, avec une hydrocéphale
très-considérable, peuvent manger, dormir, veiller, respirer, et que
toutes leurs sécrétions, et toutes leurs excrétions peuvent avoir lieu,
tandis que toutes leurs facultés intellectuelles sont perdues. 11 n’en peut
pas être autrement, puisque l’atelier de l’ame étant dégradé, cette dernière
ne peut plus agir sur le corps 1 »
Ackermann sou tient que, dans ce cas, la masse cérébrale, à raison de sa
mollesse, est manifestement distendue par l’eau, et qu’il y a, sans contredit,
destruction de sa forme organique. M.Boyer croit également « que,
dans l’hydrocéphale, la substance grise et la substance blanche sont
confondues ».
Plusieurs physiologistes savoientbien que la substance médullaire du
cerveau étoit dilatée à la manière d’une vessie par l’eau épanchée dans
ses cavités; mais l’on ne pouvoit se faire aucune idée de la nature de
cette dilatation ; on ne se rendoit pas compte, comment il étoit possible
qu’une substance purement médullaire, ou même des fibres médullaires
aussi délicates et aussi molles, pussent être distendues uniformément
dans toutes leur masse, sans qu’il y eût rupture dans les parties qui
ayant été dilatées les premières, dévoient se trouver les plus minces.
En admettant la réalité de tontes ces destructions, l’on ne concevoit
pas que les facultés intellectuelles pussent encore subsister.
Tulpius cependant avoit vu un hydrocéphale qui jouissoit de ses facultés
intellectuelles. A l’autopsie cadavérique, il fut frappé d’étonnement
, ainsi que tous les assistans, de ce que l’exercice de ces facultés avoit
pu avoir lieu avec un semblable état du cerveau; aussi pensa-t-il dès
lors que la structure de l’encéphale devoit être tout autre qu’on ne l’enseigne
dans les écoles.Vesaliuset Camper rapportent avec le même étonnement
des cas semblables.
En effet, si dans l’hydrocéphale le cerveau est dissous ou désorganisé
d’une manière quelconque; si cette dégradation est une suite nécessaire
de sa structure, il faut nier qu’il y ait des cas dans lesquels avec une hydrocéphale
considérable les facultés ont existé, ou il faut convenir que
le cerveau n’est pas une condition de l’exercice des facultés de l ’âme;
qu’il n’est point l’organe des fonctions intellectuelles.
Pendant que j’étois dans cette incertitude, une femme dont la tête
’ Etwas über Doctor Gall’s Schædellelire.