bourg un jeune homme de seize ans, dont les parties antérieures inférieures
de la tête étoient bien développées ; mais son front avoit à
peine un pouce de haut, parce qne les parties antérieures supérieures
du cerveau avoient été entravées dans leur développement ; et'il ne
jouissait, en conséquence, que de l’exercice des fonctions affectées aux
parties antérieures inférieures: Il apprenoit les noms, les nombres, les
époques, l’histoire, et il répétoit tout cela mécaniquement. Mais la
combinaison, la comparaison des idées et le jugement lui manquoient
entièrement. On le regardoit avec raison comme imbécile, et l’on ne
pouvait l’employer à rien.
Lorsque le cerveau est imparfaitement développé dans la région du
front, il arrive fréquemment que sa partie postérieure est d’autant plus
complète. Or cette partie postérieure renfermant principalement les
organes des penclians animaux, les individus qui sont conformés de
cette manière sont d’autant plus assujétis à ces mêmes penchans. Nous
aurons occasion , dans le cours dé cet ouvrage, de citer plusieurs exemples
qui confirment cette vérité, ainsi que la proposition que le développement
défectueux des organes a toujours pour résultat la foiblesse
de leurs fonctions.
4°. Quand les organes de F esprit et de Tante ont acquis tin haut
degré de développement et de perfection, il en résulte pour ces
organes la possibilité de manifester leurs fonctions avec beaucoup
d’énergie.
Nous prouverons la vérité de ce résultat, quand nous traiterons de
l’influence du développement des organes sur l’exercice des facultés
qui y répondent. Nous montrerons en même temps que, lorsque des
individus se distinguent particulièrement et d’une manière remarquable
par une qualité déterminée, ou bien lorsqu’ils tombent dans
une idée fixe, ou dans nn penchant fixe, par une trop grande exaltation,
c’est presque toujours le développement extraordinaire d’un organe
qui en est la cause. Sans entrer maintenant dans ces détails , nous
nous contenterons de fixer l’attention de nos lecteurs sur la différence
manifeste que tout le monde peut remarquer entre trois sortes de
têtes, savoir : les têtes des idiots, les têtes des hommes sains dont
les talens ne sont que médiocres, et les têtes des hommes éminens
doués d’un vaste et grand génie. Les premières sont caractérisées par
leur petitesse, comme nous venons de le voir, et les dernières le sont
par leur grandeur;
Cette différence , soit par l’effet d’une imitation exacte , soit que
l’intérêt du vrai beau ait dirigé les artistes , se fait même apercevoir
dans les productions des beaux arts. On voit, dans leurs ouvrages,
comme dans la nature, que les qualités distinguées et nobles vont avec
les grandes têtes, et que les têtes sont plus petites, s’il s'agit des qualités
d’un ordre inférieur. Les anciens donnoient aux statues de leurs prêtres
et de leurs philosophes de bien plus grandes têtes qu’aux statues
de leurs gladiateurs. Que l’on remarque surtout la distinction qu’ils
ont faite pour leur Jupiter du Capitole ; la forme d’aucune autre tête
n’a jamais été aussi fortement bombée dans la partie antérieure et
supérieure du front. Quelle différence de cette tête à celle de Bacchus!
Il ne faut pas s’y tromper, cette distinction ne se trouve dans les
arts que parce qu’elle existe dans la nature. En veut - on une preuve
sans réplique, c’est que, dans tous les cas particuliers où des hommes
de talent et de génie ne sont pas d’une grande structure, leurs têtes
ne sont plus en rapport avec leurs corps. Aussi, dans tous les cas semblables
dont chacun peut juger puisque les exemples en sont en
grand nombre, on ne retrouve plus les proportions que l’on a coutume
d’adopter pour la beauté, et qui sont fixées par les formes de
l’Apollon. Tant que les artistes ne voudront que représenter de belles
formes, ils peuvent continuer sans doute à prendre l ’Apollon pour
modèle; mais s’ils veulent exprimer un grand caractère ou de grands
talens, il ne peut plus être question de proportions générales*
C’est par-là qu’il faut expliquer les erreurs qu’ont commises plusieurs
artistes. Même dans les beaux temps de la Grèce, ils représentoient
Périclès couvert d’un casque, pour cacher la grosseur de sa tête. Les
poètes athéniens semoquoient de cette tête, parce qu’ils la trouvoient
peu proportionnée avec le corps de Périclès. Ils l’auroient admirée,