
tant que l’on n’aura pas établi de principes certains. À 1 appui de ce
que j’avance, je cite les auteurs les plus distingués. M. Pinel, que son
esprit observateur met si souvent sur la bonne voie, n a plus le courage
de s’y maintenir, du moment où il est question de l’influence de 1 organisation
du cerveau sur les facultés intellectuelles. 11 n en est pas
moins vrai, que ses excellentes observations , réunies aux miennes , se-
roient suffisantes pour résoudre cette question si importante , tant pour
la physiologie que pour la pathologie. Si l’on trouve du vague dans les
opinions de M. Pinel, cela provient essentiellement de ce que, dans les
maladies mentales, il ne fait pas assez d’attention à la différence qu il
y a entre la manie, la démence et l’imbécillité. La manie, la démence
et l’imbécillité, sont des maladies mentales; mais ni la demence ni
l’imbécillité n’est la manie, et l’imbécillité n’est point la démence.
J'ai de tout temps considéré la démence et l’imbécillité, sous le point
de vue que M. Esquirol a fixé en dernier lieu.
« La démence, dit-il, diffère essentiellement de la manie, surtout
de la mélancolie. Dans celles-ci, les facultés de l’entendement sont lésées
en plus : les maniaques et les mélancoliques déraisonnent par excitation;
leur délire semble dépendre ou d’un état convulsif, ou d’une
augmentation d’énergie du système nerveux et cérébral. Ils sont entraînés
par des erreurs de sensations, par de fausses perceptions , par
l’abondance ou la fixité des idées. Celui qui est en démence, n’imagine
pas, ne suppose rien; il a peu, ou presque point d’idées; il ne~ se détermine
pas, il cède; le cerveau est dans l’affaissement. Tandis que
chez le maniaque et le mélancolique, tout annonce la force , la puissance
et l’effort : chez l’homme en démence, au contraire, tout trahit
le relâchement, l’impuissance et la faiblesse^ ti
« La démence ne doit pas être confiSndue avec l’imbécillité ou l’idiotisme.
L’imbécile n’a jamais eu les facultés de l ’entendement assez
énergiques, ni assez développées pour raisonner juste. Celui qui est en
démence, a perdu une grande partie de ces facultés » •
• llichnnnaire des Sciences médicales, art. Démence. T. Y]
Quoique cette esquisse ne soit nullement applicable à l’imbécillité
partielle, elle est suffisante cependant pour faire ressortir la différence
qui existe entre l’imbécillité complète et la démence. La manie et
la démence n’ont pas plus de rapport que je ne l’ai indiqué , ni
avec une conformation quelconque de la tête , ni avec son volume
plus ou moins considérable. Il en est tout autrement d’une imbécillité
de naissance , ou d un génie supérieur.
M. Pinel a fait graver, planche a, 5 et 6 de son Traité de l’aliénation
mentale, un crâne extrêmement petit, qui doit nécessairement
emporter une imbécillité complète. Ace sujet, il s’exprime ainsi ; « Sans
qu’on puisse cependant prononcer que ce défaut de capacité estla cause
unique et exclusive du peu de développement des facultés morales.» '.
Dans le fait, la petitesse extrême du crâne et le défaut très-sensible de
développement du cerveau, ne sont pas la cause unique de ce que les
facultés intellectuelles sont si bornées, car l’on rencontre des imbéciles
de naissance, dont la conformation extérieure de la tête n’indique nullement
leur état mental ; cependant, la ou ee défaut de développement
existe, il y a infailliblement imbécillité plus ou moins complète.
Si M. Pinel, comme nous l ’avons vu ci-dessus, avance « qu’il y
a certains vices de conformation du crâne , liés avec un, état d’aliénation,
surtout avec la démence, ou l’idiotisme originaire » , ceci n’est
vrai que de l’idiotisme.
Enfin, M. Pinel compare les deux têtes très-petites d’imbéciles de
naissance qu’il a fait graver planche i , i , fig. 5 et 6, avec d’autres
têtes d’aliénés , et avec la tête d’un enfant de sept ans, rempli de
talens. Il s’applique surtout à faire ressortir la grande différence
qui existe, soit sous le rapport de la forme, soit sous celui du
volume, entre la tête de l’imbécile et celle de l’enfant doué de grands
talens. \
Il fait remarquer l ’épaisseur des os du crâne d’une fille de dix-huit
ans, imbécile de naissance, et le rétrécissement de la cavité du crâne,
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