
matérielles différentes. La nutrition, les sécrétions, les excrétions ; la
circulation, la respiration, la génération , toutes les fonctions enfin ,
sont remplies par des instrument conformés exprès pour cela. Aucun
mouvement volontaire, aucun sentiment particulier, ne peuvent avoir
lieu, à moins d’une condition materielle particulière.
Enfin, la nature étoit dans la nécessité de former autant de sens
externes, que l’animal ou l’homme dévoient recevoir d’espèces essentiellement
différentes d’impressions du monde extérieur.
Si donc, d’après les preuves ci-dessus , 1 on est force d accorder qu il
ne peut y avoir manifestation de quelque qualité morale, ou faculté
intellectuelle, quelles qu’elles soient, sans condition matérielle, c’est-
à-dire, sans cerveau; s’il faut accorder que les qualités et les facultés,
qui, au moyen du cerveau, se manifestent, ou deviennent des phénomènes
,-sont très-différentes chez l’animal et chez l’homme ; que les senti-
mens, les penchans,les instincts, diffèrent essentiellement des facultés intellectuelles;
que les facultés intellectuelles diffèrent essentiellement
entre elles , tout comme chaque instinct, chaque penchant, chaque sentiment
diffère de l’autre : il faut admettre qu’il existe dans le cerveau
autant d’organes distincts , qu’il existe de forces de l’ame essentiellement
distinctes : il faut, dis-je , l’admettre, ou il faut prouver rigoureusement
que, sous le rapport de la manifestation des qualités morales
et des facultés intellectuelles, la nature s’est départie d’une loi, que
partout ailleurs elle s’est imposée.
Objection.
i». Il est impossible de découvrir aucune analogie entre la matière
et sa manière d’agir, et l’ame et ses fonctions; donc, on ne peut
tirer du monde corporel aucune induction applicable aux fonctions de
l’ame.
Réponse.
Quelle que soit la différence qui existe entré l’ame et la matière, il
est certain , comme je l’ai prouvé dans la section sur les dispositions
innées, et dans le chapitre qui précède celui-ci que, tant que l’ame
reste unie au corps, aucune manifestation d’une qualité ou d’une
faculté quelconque ne sauroit avoir lieu sans condition matérielle;
donc, tant qu’elle est unie au corps, elle reste soumise aux conditions
des phénomènes corporels; c’est-à-dire que^ chaque manifestation
quelconque de lame suppose un appareil particulier dans
le cerveau.
Objection.
«La machine animale agit sur la matière, ou reçoit son action de diverses
façons, disent MM. Bérard et de Montègre : il falloit donc des organes
matériels pour appliquer à ces buts, différentes forces vivantes ; le
corps devoit être rapproché ou éloigné de tout ce qui l’environne : il
falloit donc des organes particuliers pour remplir cette fonction ; et
ces organes dévoient être proportionnés, par leur nombre et leur structure,
aux mouvemens de la machine. Chacun des fluides de notre
corps a sa nature propre ; il falloit donc des organes différens pour
produire dans le sang ces diverses transformations. Les causes des
sensations sont matérielles; il falloit donc des organes matériels qui
missent l’animal en rapport avec Ces causes ; sans organes, il étoit
impossible que cette action des unès sur les autres eût lieu : or ; la modification
physique qui produit le son, n’est pas celle qui produit la
lumière ; elle a ses lois propres ; ainsi, un même organe ne pouvoit pas
voir et entendre. Si l’on examine la mécanique de chaque sens, on
se convaincra quelle est admirablement proportionnée à la cause de
la sensation et à ses lois.........»
« Appliquons ces idées aux fonctions de l’intelligence. L’animal a
des sensations par la voie des organes.; il peut porter à son gré son
attention sur ces sensations , il peut n’en considérer qu’une partie;
ainsi il abstrait, il analyse, il crée des idées plus ou moins générales;
l’attention libre et volontaire sur les sensations les transforme en idées,
comme le démontre l’analyse expérimentale de l’entendement. On voit
bien que la transformation des' ensations en idées jQn’est nullement
analogue aux transformations du sang en bile, en salive, etc. Ici, il