
du monde est entre ses mains, que les saisons obéissent à sa voix, qu’il
peut dessécher à son gré le fleuve du Gange, etc. il juge de cette manière,
parce que les perceptions qui sont présentes, à sa pensée, le forcent
à tenir à de pareilles conclusions. Les erreurs du jugement ne
viennent que, des matériaux sur lesquels cette faculté s’exerce........»
Mais si la faculté de juger est la même dans l’aliéné que dans l’homme
d’un entendement sain , pourquoi M. Pinel entreprend-il de citer des
exemples d’aliénés où, selon lu i, cette faculté étoit troublée dans la
manie?
Du reste, cette manière de raisonner se réduit à des sophismes. Qui
pourra jamais accorder que l’homme juge bien dans l’impétuosité
des passions, dans l’imbécillité, dans la démence, dans la manie, dans
l’aliénation des facultés intellectuelles supérieures, dans l'inflammation
cérébrale , dans la période delà plus grande irritation d’une fièvre nerveuse,
parce que ses actions sont conformes aux impressions qu’il reçoit?
L’homme juge mal, toutes les fois que dans ses jugemens il méconnoit
les véritables relations des choses, la véritable liaison qui existe entre
plusieurs idées et plusieurs sentimens. Qüi est-ce qui accordera un jugement
sain au malade qui ne peut pas rectifier l’idée qu’il a , que les
élémens lui obéiront, qu’au moindre mouvement ses jambes se casseront
comme du verre ? Peut-on dire qu’un individu juge, lorsqu’il se
laisse déterminer aveuglément par des impressions extérieures ou internes?
Dans ce cas , le sanglier juge aussi lorsqu’il se précipite sur
1’épieu,
§. 1 14- M, Pinel dit : « Au déclin de la manie, ou lorsqu’elle menace
de se terminer par la démence, on observe une débilité de jugement
qui tient à une oblitération plus ou moins marquée de la mémoire a :
donc, oblitération de toutes les facultés.
§• n 5. Imbécillité dans laquelle les idiots possédoient une faculté
d’imiter très-marquée, faculté que l’on ne peut certainement pas déduire
du jugement.
Où est, dans tout ce que nous venons de parcourir, un exemple
d’une lésion de la seule faculté de juger?
Erreurs ou écarts de l’imagination dans l’aliénation
mentale *.
§. 120. Je considère l’imagination, dit M. Pinel, comme le complément
de toutes les autres ( fonctions de l’entendement) , puisqu’elle
semble disposer à son gré des perceptions antérieures de la mémoire,
du jugement, des affections morales, pour en composer à son gré des
tableaux plus ou moins réguliers ». S’il en est ainsi, comment sera-t-il
jamais en état de prouver que l’imagination seule étoit lésée ?
§• 121. Excitation subite des facultés intellectuelles jusqu’au bouleversement
complet de toutes les idées,
§. 122. Exemples d’exaltation dans la manie partielle religieuse. Dans
ce paragraphe, M. Pinel renonce à la définition qu’il a donnée de
l’imagination plus haut §. 120. « Ici, dit-il, ce n’est point une réminiscence,
c est une connoissance intuitive, une vraie fascination intérieure
dont l’effet est analogue à celui qui pourrait être excité par une impression
vive sur l ’organe de la vue » ; et ainsi il revient à ma manière
de considérer l’imagination, quoiqu’il l’eût rejetée dans la page précédente.
r
§. 123. Vanité exaltée et perte entière delà raison.
§. 124.Orgueil et vanité devenus dominans,avec exaltation de toutes
les facultés supérieures.
§. 12 5. Dans ce paragraphe encore M. Pinel exclut la réminiscence
dans les deux derniers cas qu’il cite : La jeune aliénée, qüi pendant ses
accès faisoit des vers harmonieux, et la femme qui pendant les siens
montrait une facilité rare pour la versification, ne s’étoient jamais occupées
de poésie auparavant. Il y a donc ici exaltation d’une faculté
primitive, mais ftullement lésion de l’imagination dans le sens de
M. Pinel.
§. 127, 128, 129, i 3o. Exemples d’hypochondrie, et de mélancolie
avec exaltation de certaines séries de sentimens et d’idées, par exemple