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sont tout aussi divergentes et tout aussi fausses. Les uns crurent éluder
toutes les difficultés en s’en tenant au inonde spirituel, et en établissant,
avec Malebranche, Dieu lui-même comme intermédiaire entre
lame et le corps. L ’ame , disoient-ils, n’ayant point de parties, ne peut
jamais se trouver en contact avec un corps quelconque. D’autres pensent
que l’on peut concevoir l'influence d e l’amesurle corps, de la meme
manière que l’on conçoit l ’influence de Dieu sur l’univers; ils admettent
que Dieu a communiqué aux esprits, aux anges et aux autres êtres
animés, une partie delà faculté qu’il possède lui-même, d’agir sur les
corps, et d’être affecté par les corps.
Quelques philosophes traitèrent ces idées de chimères, et s’efforcèrent
de donner une explication plus naturelle. Ils s’en tinrent uniquement
au monde physique, nièrent l’existence de deux substances
essentiellement distinctes, et regardèrent comme superflu de chercher
un intermédiaire entre l’ame et le corps. Ils déclarèrent que ce que
l’on appelle facultés de lame, ne son* que des propriétés des parties
constituantes corporelles, un résultat du mode d’agrégation de ces
parties. Ainsi quë les propriétés de l’arbre futur sont latentes dans
le germe, et ne paroissent que lors du développement de ce germe,
de même, disent-ils, toutes les forces primitives dorment dans la semence
des êtres vi vans, et leur action n’est rendue possible que par la
croissance et lé développement de l’animal.
. Une troisième classe de philosophes suivit une route moyenne; ils
pensèrent que le problème seroit résolu, s’ils trouvaient un intermédiaire
qui effectuât l’union de l’ame et du corps , et leur influence réciproque.
Ils mirent toute leur sagacité à trouver une substance, la moins
matérielle possible, qui se rapprochât de la nature de l’esprit, et qui tint le
milieu entre l’ame et le corps. On imagina une ame très-subtile, susceptible
de sentir, susceptible d’imprimer le mouvement, mais matérielle
encore, capable de communiquer immédiatement à l ’ame spirituelle
les impressions qu’elle avoit reçues, et que l’ame spirituelle chargeoit
de transmettre au corps sa volonté. De là, toutes ces vapeurs subtiles,
ces substances déliées, telles que le pneuma, le calorique, la lumière ,
du cerve au. 217
les esprits animaux, les fluides électrique, magnétique, galvanique,
lè’courant du magnétisme animal, etc., etc., considérés successivement
comme le lien qui unit l’ame avec le corps*
’ "Mais, quelque subtils que l’on imagine ces fluides, c’est toujours
de la matière, et la difficulté de concevoir comment deux substances
de nature essentiellement différente peuvent agir l ’une sur l ’autre,
n’est point levée.
Kant désespéroit de voir jamais le noeud délié par les philosophes.
Il renvoie la question devant le tribunal des médecins et des physiologistes
: mais, que peuvent expliquer les médecins et les physiologistes
dans l’organisme du corps vivant? Qu’il soit question du corps seul ou
de l’ame seule, ils expliqueront tout au plus les phénomènes produits
par les lois du mouvement et par les proportions chimiques. Jamais
ils n’expliqueront la vie; jamais ils ne remonteront aux forces premières.
11 est de fait que les hommes doués de la plus grande sagacité ont
échoué toutes les fois qu’ils ont voulu s’elever au-dessus des phénomènes
et des conditions de ces phénomènes. Nous n’avons aucune idée positive
de ce qui n’est point matière; par conséquent nous ne pouvons rien
dire ni de l’ame, ni des forces qui lui sont propres, ni de son siège, ni de
l’action de l’ame sur le corps, ni de l’action du corps sur l’ame. Je me
renfermerai donc, comme je l’ai fait jusqu’à présent, dans la recherche
des conditions matérielles sous lesquelles la manifestation des
qualités et des facultés de l’ame devient possible, ou,-ce qui revient au
même, je déterminerai quelle partie du corps il convient de considérer
comme l’organe des qualités morales et des facultés intellectuelles.
Convient-il, dans l’état actuel de nos connaissances en
physiologie, de faire encore des recherche's sur Vor-
gane de l’ame?
Depuis long-temps, des philosophes, des physiologistes et des médecins,
soutiennent que le cerveau est l’organe de l’ame : il pourroit