
les avons pas faites seuls, la nature les faisoit avec nous, elle nous les
dictoit, et il n’étoitpas en notre pouvoir d’en faire d’autres. Les besoins
et les facultés de l’homme étant données, les lois sont données elles-
mêmes; et quoique nous les fassions, Dieu qui nous a créés avec tels
besoins et telles facultés, est, dans le vrai, notre seul législateur. En
suivant ces lois conformes à notre nature, c’est donc à lui que nous
obéissons, et voilà ce qui achève la moralité des actions ».
St. Paul parloit dans le même sens en s'adressant aux Romains : « Si lès
Gentils, dit-il 1, qui n’ont point la loi, font les mêmes choses que la
loi commande ; ils font voir que ce qui est prescrit par la loi est écrit
dans leur coeur ».
Herdera regarde la sociabilité de l’homme comme innée, et il croit,
comme nous, que la loi : nefais pas à autrui ce que tu ne veux1 pas qui
te soit fa it, est fondée sur la sympathie naturelle à l ’homme. H regarde
même comme innée la disposition de l’homme à la religion.., et sa propension
à honorer des êtres surhumains et d’un ordre supérieur;
Nous prouverons ailleurs complètement css mêmes vérités. Nous
démontrerons de même, en traitant des divers organes et des diverses
facultésprimitives, que les talens de la musique,de la peinture, de l’architecture,
de la mécanique, de la mimique, de la géométrie, des mathématiques,
etc. qui semblent n’être que des talens acquis et produits par
la vie sociale, sont innés dans l’homme, et lui sont indiqués par son
organisation, comme' le sont à l’abeille les lois de sa cellule hexagone,
au rossignol son chant, et au castor ses constructions. Sans cette organisation
, la manifestation de ces qualités auroit été aussi impossible
à l’homme, qu’elle l’est an ver de terre. Nous ferons voir aussi que, si
les qualités de l’homme n’étoient pas déterminées, la société ne: seroit
que confusion. Nous montrerons que la détermination du juste et de
L’injuste en suppose le sentiment intérieur; que, si les lois positives de
la pensée n’étoient pas innées, il ne pourroit exister ni logique, ni
■ I I , i4-i5.
* L. c, Th. I, S. aàa.
philosophie ; enfin que tous les penchans et toutes les facultés primitives
dépendent d’une organisation déterminée et particulière, qui, seule,
donne lieu à leur manifestation.
Résumé et conclusion.
Au lieu de récapituler les preuves du principe établi, nous allons
en offrir le contraste, en formant un tableau de toutes les propositions
qu’il faudrait soutenir, et de tous les faits qu’il seroit nécessaire
d’expliquer pour attaquer sérieusement le premier principe sur lequel
notre doctrine est appuyée. Rien ne sert mieux la vérité que de la
placer à côté de l ’erreur ; car celle - ci se montre alors avec un tel
Caractère d’absurdité , quelle ne peut plus faire prendre le change à
personne.
Les propositions contraires à nos preuves sont :
i°. Que l’homme, en tant qu’il a une vie organique, n’a rien de
commun avec les plantes; et qu’en tant qu’il est animal, il n’a rien
de commun avec les animaux.
2°. Que les propriétés des terres, des métaux et des plantes ne sont
pas le produit des combinaisons de leurs parties intégrantes , mais
qu’elles sont le produit de forces extérieures.
3°. Que les aptitudes industrielles, les instincts, les sensations, et
les affections intérieures des animaux et de l’homme ne sontpasr innés-
qu au contraire les animaux et l’homme les ont acquis par eux-mémes
ou par l’éducation.
4°- Que le mode de la manifestation des propriétés de l’esprit et de
1 ame n’a rien de commun avec le développement, le perfectionnement
et l’affaissement des organes, ni par conséquent avec la différence des
âges.
5°. Que toutes les propriétés de l ame sont également actives à la
même époque , et dans tous les temps.