
l’influence de Tarne est médiocre , le perfectionnement de l’organe physique
peut être considérable; et, au contraire, le perfectionnement de
l’organe physique peut être d’autant plus médiocre, que la faculté intérieure
de Tarne agit avec plus d’énergie ». ■
Réponse.
Il est étonnant que M. le professeur Ackermann n’ait pas senti où le
conduiroient des objections de cette nature. Il est vrai que les organes ne
sont pas les seules conditions requises pour la manifestation des facultés.
Mais si ces conditions étoient à chaque instant en rapport inverse avec
l’influence de Tarne, il ne pourroit y avoir, et il n’y auroit jamais aucune
différence dans l’action des organes plus forts et plus foibles. La faculté
intérieure remplaceroit'chaque fois ce qui manque à l’organe , et une
faculté intérieure plus foible enleveroit à l’organe fort ce qu’il auroit de
trop. Ceseroit donc en vain que la nature auroit fait des organes d’une
force différente. Elle se seroit simplement amusée en donnant à la taupe
un nerf optique très-foible, et un nerf olfactif très-fort ; à la musaraigne,
de petits os et des muscles foibles; à l’éléphant, une masse énorme de chair
et d’os. Il est indubitable que les organes doivent être mis en activité
pour que la faculté devienne un phénomène perceptible ; tout ce qui peut
mettre un organe en activité, appartient donc a ces conditions ultérieures.
Il est très-vrai, sans doute, qu’un organe très-perfectionné peut n’être
incité que foiblement, et qu’un organe chétif peut être irrité avec force.
Mais de ce qu’une chose est quelquefois possible, s ensuit-il qu elle soit
toujours et quelle soit nécessaire? Cette manière de raisonner est très-
milière à M. le professeur Ackermann.
Objection.
« §. 73. Il résulte incontestablement, de cette manière de voir, que
lorsque les organes sont perfectionnés, la manifestation des forces en
dépend en grande partie; et que lorsque celle-ci n’a pas lieu pendant
loDg-temps, les dispositions ou les organes diminuent par degrés , et doivent
finir par disparoître entièrement. Quelques exemples rendront ces
vérités évidentes. Un muscle en état de repos, suivant l’opinion de M. le
docteur Gall, est la condition matérielle extérieure, et la condition intérieure
est l’influence de la volonté. Ainsi la manifestation de la faculté
sera d’autant plus énergique , que le muscle sera plus grand et plus fort,
et que l’influence du système nerveux sera aussi plus grande. Mais, par
cela même, deux actions différentes de muscles seront égales, si la force
des muscles et l’influence des nerfs sont en rapport inverse; ou, en d’autres
termes, l’effet sera aussi considérable, lorsque le muscle agira fortement
et le nerf foiblement, que lorsque le muscle agira foiblement et le
nerf fortement. On voit par-là qu’il n’existe qu’une différence relative
entre les conditions de la manifestation des facultés, et qu’aucun organe
ne peut être passif, lorsque la faculté se montre. Si la manifestation de la
faculté discontinue, la condition matérielle qui constitue l’exercice réel
de la faculté cesse aussi. Le muscle qui n’est pas remué pendant longtemps,
s’atrophie, perd de sa grosseur , de sa substance, et de la faculté
de se mouvoir. J’ai vu fréquemment, dans les ankylosés du genou, les
muscles les plus forts du gras de la jambe perdre entièrement leur
nature musculaire, et se transformer en un tissu cellulaire lâche et blanchâtre
, qui n’avoit plus la faculté de se mouvoir lorsque l’articulation
étoit rétablie ».
Réponse.
M. Ackermann, dans ce long paragraphe, ne fait que répéter les objections
qu’il avoit déjà faites. Nous nous bornerons à lui répondre que,
quoiqu’il résulte de notre doctrine qu’aussi long-temps que l’ame est unie
au corps, aucune manifestation des facultés de l’ame n’est possible sans
organe, ii ne s’ensuit nullement que la manifestation des facultés dépende
des organes seuls. Dans le sommeil, par exemple, dans l’évanouissement,
dans la mort apparente, les organes ne manifestent aucune faculté; il
faut donc supposer une autre condition et une autre force qui éveille
1 activité des organes. Même dans l’état de veille, peu d’organes sont actifs
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