
4î6 PHYSIOLOGIE
et trouvent trop pénible de suivre la nature jusque dans son
sanctuaire. Mes lecteurs ne doivent donc nullement s’étonner de
voir que c’est précisément la pluralité des organes qui a été le plus
vivement attaquée par les adversaires de la physiologie du cerveau.
Mais , comme cette matière est de l’intérêt le plus majeur pour le médecin
philosophe; comme les objections qu’on nous fait peuvent
donner lieu aux recherches les plus importantes , je traiterai cette
matière avec un soin particulier, tant sous le point de vue médical,
que sous le point de vue philosophique..
Objection.
i°. Selon M. Rudolphi, on ne connoît, jusqu’ici, aucune partie
cérébrale particulière, dont la lésion ou la destruction entraîne la perte
des soi-disant facultés de lame. — Toute lésion, toute pression, dit-il,
qu’éprouve une partie quelconque du cerveau, peut entraîner cette
perte. Selon lui, on ne connoît pas non plus de partie cérébrale que
l’on doive regarder exclusivement comme le point de réunion de tous
les nerfs. « Si > continue-t-il, il y avoit plusieurs organes particuliers en
action dans le cerveau, comment la moindre lésion pourroit-elle
suspendre ou détruire à la fois toutes les puissances du sensorium?
Si ces organes sont indépendans les uns des autres, comme M. Gall
est forcé de l’admettre, il est difficile de concevoir une aliénation
totale, une cessation complète de la consciencef etc...... ».
Réponse.
Je prie M. B u dolphçde me faire concevoir comment, dans l’hypothèse
d’un organe unique, certaines facultés peuvent subsister isolées; comment
elles peuvent se perdre isolément tandis que les autres subsistent;
être troublées isolément tandis que les autres sont intactes. C’est précisément
parce qu’il n’existe pas de partie dont la lésion ou la perte
entraîne nécessairement la lésion ou la perte de toutes les qualités et de
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toutes les facultés; parcé qu’il n’existe pas de point de réunion de tous
les nerfs, qu’il ne peut pas exister un organe unique de Taine, un siège
commun de toutes les qualités et de toutes les facultés. Si de toutes les
parties intégrantes du cerveau il ne résultait qu’un organe unique,
toutes les qualités et toutes les facultés devroient être troublées de là
meme manière, et au même point, du moment où l’une de ces parties
intégrantes viendrait à être lésée.
J’ai déjà exposé plus haut comment il faut juger les lésions du
cerveau, et quelle idee on doit se former de l ’indépendance des
organes..
Si M. Rudolphi ne peut pas concevoir une aliénation totale dans
1 hypothèse de la pluralité et de la duplicité des organes, comment
conçoit-il une maladie générale du corps, avec la pluralité des viscères
et les parties intégrantes si multipliées qui le constituent ? S’il ne
conçoit pas comment une légère lésion peut suspendre ou détruire à la
fois toutes les puissances du semorium, il doit concevoir bien moins
encore, comment une lésion on une compression peu considérable
d’une partie cérébrale, suspend ou détruit quelquefois la manifestation
des fonctions des cinq sens, dont chacun a son instrument distinct
et indépendant des autres.
Objection.
2°. «L’expérience prouve, dit Dumas, que le même individu peut
etre en possession dans tel instant , d’une qualité ou d’une faculté qu’il
peut perdre l’instant d’après; que des maladies qui n’ont rien de commun
avec le cerveau sont, dans le cas, tantôt de détruire, tantôt de réveiller
ces facultés. 11 s’ensuit delà qu’il est impossible d’attribuer l'exercice
des facultés au développement des organes cérébraux, dont on prétend
faire leur siège : car, il faudrait soutenir que ces organes subissent les
memes cliangemens; que leur forme varie de temps à autre; qu’ils se