
et influer par-là.sur le caractère et sur l’esprit; mais il ne peut ni donner
ni faire cesser des inclinations ou des qualités déterminées. Si les
parens éloient en droit d’imputer aux nourrices les mauvaises dispositions
de leurs enfans, pourquoi nous, qui, en général, nous nourrissons
de la chair du boeuf, du cochon , du mouton, etc., ne rendrions-nous-
pas ces animaux responsables des défauts de notre esprit et de notre
caractère ?
8°. On veut encore faire regarder les besoins des animaux et de
l’homme comme la source principale de leurs instincts , de leurs pen-
clians, et de leurs facultés.
Les besoins peuvent être considérés sous deux aspects. S’ils viennent
du dehors, tels que le froid, le chaud, etc., tout ce que nous avons dit
des choses extérieures qui excitent nos facultés intérieures, est applicable
à ces besoins. Les accidens qui incommodent l’animal ou l’homme ,
les portent, il est vrai, pour s’en débarrasser, à faire usage de leurs facultés.
Mais il ne s’ensuit pas que ces besoins fassent naître les facultés
intérieures; car, si cela étoit, les mêmes causes extérieures produiroient,
dans tous les animaux et dans tous les hommes, les mêmes, qualités ,
au lieu que chaque animal et que chaque homme réagit en vertu de son
organisation sur les choses du dehors, et d’après la manière qui lui est
propre. L’idiot n’essaie rien pour se garantir des injures de l’air, et
l’homme raisonnable se couvre de vêtemens. La perdrix meurt de faim
et de froid dans les hivers rigoureux, et le moineau engourdi tombe du
haut des toits, tandis que le rossignol et la caille sont partis pour des
climats plus tempérés, sans attendre le froid et la faim. Le coucou na
pas moins que la fauvette le besoin de pondre, et pourtant il ne construit
pas de nid. Le lapin et l'écureuil sont-ils poursuivis , l’un court se
cacher dans son terrier, l’autre se sauve sur la cime des arbres, etc.
Ainsi tout ce que l’on peut attribuer aux circonstances extérieures, c’est
qu’elles mettent en activité les diverses facultés innées.
Si l’on appelle besoins les mouvemens intérieurs ou les sensations
intérieures qui portent l’animal et l’homme à chercher quelque chose
hors d’eux pour se satisfaire; si, par exemple, on appelle besoins
les désirs voluptueux, l’ambition , etc., il est évident que ces mouvemens
de l’ame sont uniquement le résultat de l’action de l’organisation
intérieure, puisque l’homme et l’animal ne peuvent avoir de tels besoins
tant que les organes qui s’y rapportent ne sont pas propres à agir.
Ce développement et cette susceptibilité d’action préalables sont des
conditions indispensables pour que les penchans intérieurs se fassent
sentir, et que l’apimâl et l’homme soient provoqués à chercher les
objets qui se trouvent eh rapport avec les organes actifs. Dans l’enfant
nouvellement n é , le besoin du sein agit vivement ; ce n’est point
parce que le sein produit ce besoin , mais parce que, pour la conservation
de l’enfant, un rapport réciproque a été établi entre lui et le
sein, etc. Par la raison contraire, les organes sexuels de cet enfant
n’étant pas développés, il n’y a pas chez lui la moindre trace du besoin
relatif à l’autre sexe. Mais à mesure que ces organes prennent de la
croissance et de l’activité, une nouvelle faculté, un nouveau penchant
se meut dans l’intérieur de l’homme ; et c’est le sentiment de ce penchant
que nous appelons besoin. L ’objet qui est en rapport avec ce
penchant s’offre-t-il aux yeux du jeune homme ou de la jeune fille, leur
sang s’allume;les mêmes objets., au contraire, n’étant plus en rapport
avec l’organisation éteinte du vieillard, ne parviennent plus à l’exciter.
Les membres se développent-ils dans le jeune animal et dans l ’homme,
le besoin de marcher, de sauter, de courir et de s’exercer à toutes sortes
de tours et de jeux, s’éveille aussitôt. Ce n’estpoint parce que l’oiseau a
besoin d’un nid, et le castor d’une cabane, qu’ ils acquièrent le talent de
construire, mais ils ont ce talent parce qu’ils sont destinés à bâtir ; la
nature a comme imprégné de ce talent leur organisation; et lorsque Cette
organisation devient active , ils sont intérieurement portés à construire.
Voilà pourquoi l’oiseau tisserand fait son tissu, même quand il
est en cage, et pourquoi le castor construit, quelque bien logé qu’il
soit déjà. Rien ne montre mieux qu’ils suivent en cela l ’impulsion d’une
faculté intérieure, sans être déterminés par un besoin extérieur.. Il y a
de même des hommes pour qui les voyages, la musique, etc. sont un
besoin, parce que, dans ces individus , les organes qui répondent à