
l’estomac ; d’autres en cherchent la cause dans une disposition quelconque
des vaisseaux, ou dans le mélange des fluides. Mais il est bien
évident que les uns, comme les autres, soumettent les facultés de lame
à des conditions matérielles; et, par conséquent, si ce langage suflisoit
pour nous accuser de matérialisme, il faudroit aussi en accuser tous les
médecins, tous les philosophes, et tous les pères de l’église.
Yeut-on réserver l’accusation de matérialisme pour ceux là seulement
qui regardent plus particulièrement le cerveau comme l’organe
de l’ame ? Cette doctrine n’est pas moins répandue que celle dont nous
venons de parler. On la trouve déjà dans la secte de Pythagore. Les
médecins physiologistes et les philosophes font tout dépendre du
cerveau, au moins les qualités de l’esprit, l’attention , la mémoire,
l’imagination , etc. Boérhave et van Swieten attribuent au cerveau
non - seulement les idées, leurs combinaisons et le jugement, mais
encore le caractère moral de l’homme et toute son essence humaine.
Quelques - uns d’entre eux prétendent que les impressions reçues
laissent des traces dans le cerveau; ils expliquent, par ces traces,
la mémoire, la comparaison des idées et le jugement. D’autres, avec
Malebranche , attribuent à la fermeté ou à la mollesse , à la sécheresse
ou à l’humidité des fibres cérébrales, la différence des facultés et
des penchans. Haller, Buffon et Bichat1 regardent l’inégalité des deux
hémisphères cérébraux comme la cause de l’aliénation mentale. Voilà
autant d’opinions qui conduiroient au matérialisme.
11 n’y a pas jusqu’à nos adversaires qui ne soient forcés ou d’admettre
le cerveau comme organe de l’ame, ou de supposer une substance matérielle
très-subtile pour servir d’intermédiaire entre l’ame-et le corps. C’est
le cas où se trouvent MM. les professeurs Ackermann à Heidelberg, et
Walter à Berlin, dont les objections ont été répétéesparla plupart de nos
antagonistes. Le premier ne se borne pasà regarderie cerveau comme l ’organe
de l’ame , il admet encore une moelle nerveuse extrêmement subtile
, molle et presque fluide , qui se convertit peu-à-peu, dans les cavités
Sur la vie et la mort, p. i6.
du cerveau, en une vapeur animale, et qui devient un intermédiaire
entre l’ame et les nerfs des sens >. M. Walter dit : u Dans l’enfant, le
cerveau est comme de la bouillie; dans la vieillesse, il est dur, et
dans l’âge moyen il est d’une consistance moyenne........ Le cerveau
doit avoir un certain degré de fermeté, d’élasticité, pour que l’ame
puisse se montrer dans son plus grand éclat, et pour que l’homme puisse
atteindre à sa plus grande perfection spirituelle. Cette manière de
voir ne conduit pas au matérialisme, elle n’a pour objet que l’union
réciproque de l’ame et du corps ». Ainsi il n’y a point d’écrivain qui ne
fasse dépendre les fonctions de l’ame de conditions matérielles, et nos
adversaires, si nous étions matérialistes , ne le seroient pas moins que
nous.
Enfin, nos adversaires croient-ils pouvoir nous imputer le matérialisme
, parce qu’au lieu d’un organe unique de l’ame nous en admettons
plusieurs, nous les renvoyons à la section où nous traiterons de
la pluralité des organes de l’ame. Nous leur prouverons que, même dans
cette partie de notre doctrine, nous avons été devancés par les hommes
les plus éclairés. Il y a entre eux et nous une seule différence, c’est que
nous sommes parvenus à démontrer ce qu’ils n’ont fait que hasarder
et conjecturer. Mais est-on plus ou moins matérialiste, selon que
l’on admet un ou plusieurs organes? L’organe, parce qu’il est unique;
est-il immatériel ? Que tout le corps ou tout le cerveau soit le seul
organe de l’ame, le corps et le cerveau appartiennent à la matière.
L admission de plusieurs organes dans le cerveau n’apporte en cela
aucune différence. La main n’est pas moins matérielle que les cinq
doigts.
Il semble que nos adversaires aient senti le peu de solidité de leurs conséquences
; car pour sauver, au moins en apparence, 1 a simplicité de leur
organe de l’ame, ils ont été obligés d’imaginer un point central où l’ame
a son siégé, et où elle perçoit toutes les impressions extérieures et inté