
mère, femme ordinaire, et la fille tient de son père, homme plein
de talent. Ils ont atteint l’âge du développement ; le garçon annonce
en toutes choses que la plus obscure médiocrité sera son partage; sa soeur,
au contraire, s’élève, sous beaucoup de rapports, au-dessus de son sexe.
Chacun sait que les dispositions du corps a certaines maladies,
par exemple, à la goutte, à la pulmonie, à la surdite, à la pierre, à
l ’hydrocéphale, aux difformités, sont héréditaires : il en est de même
de certaines maladies morales, telles, par exemple, que 1 imbécilite, les
inclinations malfaisantes, le funeste penchant au suicide. Gaubius1 parle
d’une fille dont le père étoit entraîné par un penchant violent à manger
de la chair humaine, ce qui le conduisit à commettre plusieurs assassinats.
Cette fille, quoique séparée de lui depuis long-temps, et quoique
élevée au milieu de personnes respectables entièrement étrangères a sa
famille, succomba, comme son père, à l’inconcévable désir de manger
de la chair humaine. Gaubius, en rapportant ce fait, en conclut,
comme nous, que certaines qualités morales sont héréditaires. Or
comment les qualités de l’ame et de 1 esprit pourroient-elles se transmettre
de familles en familles , si elles n etoient pas fondées dans
l’organisation, et si les dispositions, soit morales, soit intellectuelles,
n’étoient pas innées?
Quand nous traiterons spécialement du penchant au suicide , nous
citerons plusieurs exemples qui font voir que ce penchant est inhérent
à certaines familles, qu’il s’y manifeste de père en fils, et assez fréquemment
au même âge. En un mot, il n est aucun de nos lecteurs
qui n’ait été à portée de faire une foule d’observations qui prouvent la
transmission des facultés intellectuelles et morales “.
*■ Oratio prima de regimine mentis cjuod mediconnn est.
a La transmission des qualités physiques et morales des peres aux enfans,
nous a souvent fait penser a l’importance qu il y auroit de chercher les lois de
cette espèce de propagation. Sous quelles conditions, par exemple, les enfans
tiennent-ils plus du père que de la mère, et vice versa ? Sous quelles conditions
les filles tiennent-elles davantage du père, et les garçons de la mère? Sous
quelles conditions certaines qualités physiques, telles que la. structure des
7Q, L ’étaf de veille, de sommeil, et les rêves prouvent aussi que
Vexercice des facultés spirituelles dépend d’organes matériels.
Les organes matériels sont les seuls qui se fatiguent, s’épuisent, et
aient besoin de repos. Ce repos, cette inactivité des organes, des
os , des chairs, des poils, la force, la santé ou les dispositions aux maladies
se propagent - elles, et sous quelles conditions une semblable transmission
a t-elle plutôt lieu pour les qualités de l’ame et de l’esprit? Comment se fait-il
que les jumeaux se ressemblent quelquefois sous tous les rapports, et quelquefois
diffèrent beaucoup, comme les petits des animaux d’une même portée,
quoi qu’ils aient été conçus, portés, et mis au jour dans les mêmes circonstances?
Comment se fait-il que, dans beaucoup d’enfans, l’on n’aperçoive
rien qui rappelle leur père ou leur mère, tandis que la constitution physique
et le caractère de l’aïeul se trouvent alors dans ces mêmes enfans? Comment
d’autres enfans, qui ne ressemblent ni au père ni à la mère, ont-ils, avec
l’oncle ou la tante, une grande ressemblance au physique et au moral ? Ces
particularités prouvent au moins bien évidemment combien les tendances de
toutes les sortes, lors même qu’elles sont assoupies, restent incorporées à
l’organisation.
Pourquoi les mêmes parens procréent-ils des enfans dont les uns sont spirituels
et les autres stupides, et dont la stupidité provient non d’une hydrocéphale,
mais de l’organisation défectueuse du cerveau? Est-il vrai que les
garçons héritent plus souvent des talens de leur mère , que de ceux de leur
père ? Nous avons vu un jeune homme bien constitué , et q u i, dans son
enfance , avoit été légèrement attaqué des écrouelles , procréer avec une
femme belle, saine et forte, trois crétins difformes, quoique dans une Contrée
salubre.
Lorsque l’homme ou la femme, ou tous les deux, n’ont qua un degré
médiocre les dispositions, soit de l’ordre le plus bas, soit de l’ordre le
plus élevé, quel est le concours nécessaire de leur part pour que les mêmes
dispositions aient dans leurs enfans une grande énergie? Jusqu’à quel point
est-il vrai que des parens pleins de talens n’engendrent souvent que des enfans
stupides, et que d’autres dont les facultés intellectuelles ne sont que médiocres,
ne procréent que très-rarement des enfans d’un talent remarquable?
Jusqu’à quel point faut-il avoir égard , dans ces cas, à la constitution des aïeux
et des bisaïeux des deux côtés? Jusqu’à quel point l’état moral, pendant la
sécrétion respective du fluide séminal, ou pendant la cohabitation, influe-t-il