
la sociélé sera toujours d’employer l’éducation , les lois , la morale et la
religion pour mettre l’homme à l’abri des tentations qui l’assiègent au-
dedans et au-dehors. .
Ainsi l’homme a beau se trouver humilié de sa foiblesse et de son imperfection
, il faut qu’il reconnoisse le mal moral aussi bien que le mal
physique, et qu’il se soumette, pour l’un comme pour l’autre, aux lois de
la création. Aucun homme ne peut dire qu’il n’aperçoit dans son coeur,
dans ses pensées, dans sespenchans , rien que de vertueux et d’innocent.
Que celui qui, la main sur son coeur, voudroit nous démentir, prenne la
pierre et nous la.jette.1;
méchant en lire de mauvaises du mauvais trésor de son coeur, car la bouche
parle de la plénitude du coeur. St. Luc, V I , C’est du coeur que partent les
mauvaises pensées, les homicides, les adultères, les fornications, les larcins,
les faux témoignages, les blasphèmes. St. Mathieu, XV , 19. Ils sont remplis de
toute sorte d’injustice, de méchanceté, d’impureté, d’avarice, de malignité;
envieux, meurtriers , querelleurs, trompeurs, extrêmement corrompus dans
les moeurs , semeurs de faux rapports, calomniateurs et haïs de Dieu ;
superbes » hautains, inventeurs de nouveaux moyens de faire le mal, déso-
béissans à leurs pères et à leurs mères, sans prudence, sans modestie , sans
affection pour leurs proches, sans foi, sans miséricorde. St. Paul, Epitre aux
Romains , 1, 29-31. Or il est aisé de connoîtreles oeuvres de la chair qui sont
l’adultere, la fornication, l’impureté, la dissolution, l’idolâtrie, les empoison-
nemens, les inimitiés, les dissensions , les jalousies, les animosités, les querelles,
les divisions, les hérésies, les envies, les meurtres, les ivrogneries, les
débauches et autres crimes semblables. St. P a u l, Epître aux Galates, V,
19-21. Dans ce monde, nous naissons avec nos tentations, et la chair nous
porte quelquefois à faire de bonnes oeuvres, et quelquefois aussi elle nous
excite à en faire de mauvaises. St. Gre'goire, Homel. I I , etc.
\ Il est écrit : Il n’y a point de juste ,il n’y a passun seul. St. Paul, Epître
aux Rom., I I I , 10. Je ne fais pas le bien que je veux, mais je fais le mal que
je ne veux pa ; c’est le péché qui habite en moi. Lors donc que je veux faire
le bien, je trouve en moi une loi qui s’y oppose, parce que le mal réside en
moi. St. Paul, Epître aux Rom., V I I , 19-2 Chacun est tenté, mais c’est sa
propre concupiscence qui le détourne du bien et qui l’attire au mal. Epître
de St. Jacques, I , il±. JNulla mens est, nulla anima quæ non recipiat etiam
malarum motus agrestes cogitationum. S. Amhrosius , lib. de Noë, etc,
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Abordons maintenant la fameuse question, savoir, si la doctrine que
nos dispositions sont innées, et que leur exercice dépend de l’organisation,
amène la nécessité et l’irrésistibilité des actions de l’homme. Voyons de
quelle nature est cette nécessité, et dans quelle circonstance elle a lieu-
examinons si les hommes, en vertu de la différence de leur organisation ’
agissent nécessairement de telle ou telle manière; s’ils doivent irrésistiblement
faire le bien ou le mal, ou si, au contraire, leurs actions doivent
leur être imputées comme à dqs êtres moraux libres, et leur attirer des
recompenses ou des châtimens. Il nous importe de mettre ce sujet dans
le jour le plus évident ; et comme il en résulte les conséquences pratiques
les plus importantes, et qu’il s’agit de détruire l’imputation qu’on nous
a faite, nous allons traiter cette matière avec une attention particulière.
Puissent nos lecteurs apporter à l’examen de ce que nous allons dire, le
même amour de la vérité qui nous a dirigés en discutant ce grand sujet!
De la liberté' morale.
Suivant que l’on a plus ou moins de préjugés, et que l’on a plus ou moins
de connoissances de la nature de l’homme, on adopte une espèce différente
de liberté. Il ne manque pas de philosophes qui font l’homme presque
aussi libre que Dieu. Cette liberté illimitée suppose que l’homme se
gouverne non-seulement indépendamment de toute loi, mais qu’il se crée
sa propre nature ; cette liberté est par conséquent une contradiction dans
un être qui n’a de puissance illimitée ni sur sa naissance, ni sur la durée de
son existence. Tout ce que l’on peut dire en faveur de cette opinion, se réduit
à des déclamations emphatiques, mais vides de sens et dépourvues de vérité.
D autres personnes pensent qu’il faut admettre au moins une liberté
absolue, en vertu de laquelle l’homme puisse agir sans mobile intérieur
ou extérieur. Mais comme il n’y a point d’effet sans cause, qu’une chose
est toujours la cause d’une autre, et que rien, dans la nature, ne se fait
que d après des lois déterminées, il s’ensuit que tout phénomène, tel
que celui d’une liberté absolue qui auroit lieu sans cause, est absolument
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