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amphibies pondent encore des oeufs après qu’on les a décollés;
on observe des phénomènes semblables dans les muscles et les viscères
d’animaux plus parfaits, lorsqu’on opère sur leur cadavre immédiatement
après leur mort, et que l’on ranime l’irritabilité par des moyens
artificiels, après que les mouvemens naturels o.nt déjà cessé. Les
intestins continuent leur mouvement péristaltique long-temps après la
mort, et il n’est pas rare que la matrice, au moyen de contractions
automatiques, chasse le foetus au-dehors.
Tous ces mouvemens ne paroissent accompagnés de sentiment et de
volonté qu’à raison du mécanisme qui les exécute ; ils ont lieu à peu
près de la même manière que lorsque le sentiment les accompagne et
que la volonté les commande. Ils ne prouvent qu’une chose , c’est que
les mouvemens automatiques et la spontanéité automatique n’exigent
pas l’existence du cerveau. Yoilà encore pourquoi ni l’intensité, ni la
durée de la vie ne sont en proportion avec la masse du cerveau.
Quoique Haller et M. Sômmerring aient tâché d’établir par les
argumens ci-dessus, que le cerveau est exclusivement l’organe des
sensations, de la conscience et des mouvemens volontaires, ils regar-
doient comme possible que des enfans nés sans cerveau proprement dit,
et dans lesquelles seuls nerfs des sens et les parties de la face étoient
développés, aient poussé des cris et pris le sein. Mais comme Haller
et M. Sômmerring font naître les nerfs olfactifs des corps striés, et les nerfs
optiques des couches optiques, ces physiologistes supposent qu’il existoit
une masse cérébrale assez considérable chez les enfans dont ils parlent,
et sous ce point de vue, leurs observations ne prouvent rien contre la
nécessité de la présence du cerveau *. En général, je n’ajouterai foi à
* Denckschriften der K. Ac. d. Wissensch. zu München fur das Jahr 1808 ,
S. Th. Sômmering, academicæ annotationes de cerebri administrationihus anato-
micis vasoriimque ejus habitu, p. 73, §, 17.
Ad functiones cerebri ulterius cognoscendas monstrorum, tain mortuorum
quam viventium considerationemnullo modo neglexissephysiologos, satis inter
alla demonstrant descriptiones innumeræ exemplorum illorum, frequen-
tissimorum, qnibus constat, etiam toto çerebro et medulla spinali déficiente
aucune observation semblable, tant que je ne serai pas sûr que son
auteur la jugeoit avec connoissanee de cause pleine et entière. J’ai eu
occasion d’examiner un acéphale mort-né. Les pariétaux étoient tellement
aplatis contre le basilaire et le rocher des temporaux, qu’il me
fut impossible de découvrir la moindre trace de cerveau dans le crâne. Je
trouvai cependant lesnerfs olfactifs, les nerfs optiques, et les nerfs acoustiques
qui étoient très-allongés et fort distincts. Ces nerfs étoient en
communication avec un sac, en apparence charnu, de deux pouces et
demi de long, pendant à la nuque. Lorsque j’ouvris la peau de ce sac,
je trouvai les circonvolutions les plus distinctes, par conséquent, j’avois
sous les yeux le cerveau '.
Mais l’on va bien plus loin que Haller et M. Sômmerring: on prétend
que des tortues, à qui l’on avoit enlevé tout le cerveau, continuèrent
de manger, et même de s’accoupler; l’on cite Duverney, qui dit qu’on
enleva tout le cerveau à un pigeon, lequel pigeon continua toutes ses
fonctions comme s’il ne lui étoit rien arrivé.
« C’est une chose bien certaine, dit Le Gallois, que les oiseaux
continuent de vivre pendant quelque temps, et même de marcher et
de courir après qu’on leur a coupé la tête. On a fréquemment cité ce
trait de l’empereur Commode qui, pendant que des autruches couroient
dans le cirque, s’amusoit à leur couper la tête avec des flèches taillées
en croissant; ces animaux n’en continuoient pas moins de courir comme
auparavant, et ne s’arrêtoient qu’au bout de la carrière. »
foetus non modo vegelos et pingues nasci, sedetiam natos vivere, voeiferarfe et
sugere,per aliquot borarum spatium*, manifesto argumento : cerebrum et me.
dullam spinalem ne ad nervorum incrementum et nutrimentum quidem,
nedum ad vitarn alendam necessaria esse.
* Confer egregiam monagraphiam Ed. Sandifort ; Descriptio infanlis cerebro destiluti.
L. B. 1784. Exemplis à viro clarissimo allegatis recentiora addidi in Abbildungen nnd Bes-
chreibungen einiger Misgeburten. Frankfurt ,1791.
* Ce cerveau pesoit une once trois gros et demi.