H I S T O I 2ü R E N A T U R E L L E
de son corps aux dilatations et aux compressions alternatives
de ses organes respiratoires.
D’après tant de ressemblances, qui ne croiroit que les
habitudes de la pricka ont la plus grande conformité
avec celles de la lamproie? Cependant elles diffèrent
les unes des autrés dans un point bien remarquable,
dans l’habitation. La lamproie passe une grande partie
de l’année, et particulièrement la saison de l'hiver, au
milieu des eaux salées de l’Océan ou de la Méditerranée:
la pricka demeure pendant ce même temps, et dans
quelque pays qu’elle se trouve , au milieu des eaux
douces des lacs de l’intérieur des continens et des isles;
et voilà pourquoi plusieurs naturalistes lui ont donné
le nom de jluviatile, qui rappelle l’identité de nature
de l’eau des lacs et de celle des fleuves-, pendant qu’ils
ont appelé la lamproie le pétromyzon marin.
Nous n’avons pas besoin de faire remarquer de nouveau
ici que parmi les pétromyzons, ainsi que dans presque
toutes les familles de poissons, les espèces marines,
quoique très-ressemblantes aux espèces fluviatiles, sont
toujours beaucoup plus grandes *; et nous ne croyons
pas non plus devoir replacer dans cet article les conjectures
que nous avons déjà exposées sur la cause qui
détermine au milieu des eaux de la mer le séjour d’espèces
qui ont les plus grands caractères de conformité
dans leur organisation extérieure et intérieure avec
D E S F O I S S O N S. 2.3
©elles qui ne vivent qu'au milieu des eaux des fleuves ou
des rivières •*. Mais quoi qu’il en soit de ces conjectures,
la même puissance qui oblige vers le retour du printemps
lès lamproies à quitter les plages maritimes, et à
passer dans les fleuves qui y portent leurs eaux, contraint
également, et vers la même époque, les pétromyzons
pricka à quitter les lacs dans le fond desquels ils ont
vécu pendant la saison du froid, et à s’engager dans les
fleuves et dans les rivières qui s’y jettent ou en sortent.
Le même besoin de trouver une température convenable,
un aliment nécessaire, et un sol assez voisin de
la surface de l’eau pour être exposé à Finfluenee des
rayons du soleif, détermine les femelles des pricka,'.
comme celles des lamproies, à préférer le séjour des
.fleuves et des rivières à toute autre habitation, lorsqu
elles sont pressées par le poids fatigant d’un très-
grand nombre d’oeufs ; et l’attrait irrésistible qui contraint
les mâles à suivre les femelles encore pleines,
ou les oeufs qu’elles ont pondus et qu’ils doivent féconder
, agissant également sur les pétromyzons des
lacs et sur ceux de la mer, les pousse avec la même
violence et vers la même saison dans les eaux courantes
des rivières et des fleuves.
Lorsque l’hiver est près dè régner de nouveau, toutes^
lès opérations relatives à la ponte sont terminées depuis -
long-temps; les oeufs.sont depuis long-temps non seu—