LA CHIMÈRE ANTARCTIQUE *.
C ette chimère, qui se trouve dans les mers de l’hémisphère
méridional, et particulièrement dans celles
qui baignent les rivages du Chili et les côtes de la
Nouvelle-Hollande, ressemble beaucoup, non seulement
par ses habitudes, mais encore par sa conformation,
à la chimère arctique. Elle en est cependant séparée
par plusieurs différences, que nous allons indiquer en
la décrivant d’après un individu apporté de l’Amérique
méridionale par le célèbre voyageur Dombey. La peau
qui la recouvre est, comme celle de la chimère arctique,
blanche, lisse, et argentée ; le corps est également très-
alongé, et plus gros vers les nageoires pectorales que
dans tout autre endroit. Mais la ligne latérale, au lieu de
se réunir à celle du côté opposé, se terriline à la nageoire
de l'anus; le filament placé au bout de la queue est
plus court que sur l’arctique ; on voit sur le dos trois
* Chalgua, achaguàl, en langue arauque.
Chimera callorhinchus. Linné, édition de Gmelin,
Roi des harengs du sud. Daubenton, Encyclopédie méthodique.
Id. Bonnaterre, planches de l’Encyclopédie méthodique.
Callorhinchus. Gronov. mus. 59, n. i3o, tab. 4.
Pejegallo. Frez. it. 1, p. 211, tàb. i'],fig . 4.
Elephant-fish. Ellis, premier voyage de Cool. Poisson co(j. Essai sur Vhistoire naturelle du Chid, par M. I abbé
Mutina , p. 297;
D E S P O I S S O N S . 40 1
nageoires très-distinctes, très-séparées,l’une de l’autre,
dont la dernière est très-basse, la seconde en forme
de faux, ainsi que la première, et la première soutenue
vers la tête par un rayon long, très-fort et très-dur.
Les nageoires pectorales et ventrales sont attachées à
des espèces de prolongations charnues. La tête est
arrondie ; elle présente plusieurs branches de deux
lignes latérales qui serpentent sur ses côtés, entourent
les yeux, aboutissent aux lèvres ou au museau, ou se
réunissent les unes aux autres : mais ces rameaux ne
sont pas creusés en sillons, ni disposés de la même
manière que sur l’arctique ; et ce qui forme véritablement
le caractère distinctif de la chimère antarctique ,
c’est que le bout de son museau, et en quelque sorte
sa lèvre supérieure, se termine par un appendice cartilagineux,
qui s’étend en avant et se recourbe ensuite
vers la bouche. Cette extension, assimilée à une crête
par certains auteurs, a fait nommer la chimère antarctique
le poisson cot/,et, comparée à une trompe par
d’autres écrivains, a fait appeler la même chimère
poisson éléphant. La chair de ce cartilagineux est insipide,
mais on en mange cependant quelquefois. Il
parvient ordinairement à la longueur de trois pieds.