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fluide s’accumule dans les plateaux fulminans, ou dans
les batteries de Leyde.
D’un autre côté, on n’a pas pu jusqu a présent faire
subir à des corps»légers suspendus auprès d une torpille
les mouvemens d’attraction et de répulsion que
leur imprime le voisinage d’une bouteille de Leyde; et
le fluide électrique lancé par cette raie n a pas pu, en
parcourant son cercle conducteur, traverser un intervalle
assez grand d’une partie de ce cercle a une autre-,
et être assez condensé dans cet espace pour agir sur
le sens de la vue, produire la sensation de la lumière,
et paroître sous la forme d’une étincelle. Mais on ne
(doit pas désespérer de voir de ties-grandes torpilles
faire naître dans des temps favorables, et avec le secours
d’ingénieuses précautions , ces derniers phénomènes
que l’on a obtenus d’un poisson plus électrique encore
que la torpille, et dont nous donnerons l’histoire en
traitant de la famille des gymnotes, à laquelle il appartient
*. On doit s’attendre d’autant plus à voir ces effets
produits par un individu de l’espèce que nous examinons,
qu’il est aisé de calculer que chacune des deux
principales surfaces de l’organe double et électrique
d’une des plus larges torpilles pêchées jusqu a présent
devoit présenter une étendue de cent décimètres (près
* Voyez le Discours sur la nature des poissons, et l’article du gymnote
électrique, vulgairement connu sous le nom d’anguille de Cayenne, ou de
.Surinam.
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de vingt-neuf pieds) carrés; et tous les physiciens savent
quelle vertu redoutable l’électricité artificielle peut imprimer
à un seul plateau fulminant de quatorze décimètres
carrés ( quatre pieds carrés ou environ ) de
surface.
Au restes ce n’est pas seulement dans la Méditerranée,
et dans la partie dè l’Océan qui baigne les côtes de
l’Europe, que l’on trouve la torpille; on rencontre aussi
cette raie dans le golfe persique, dans la mer pacifique,
dans celle des Indes, auprès du cap de Bonne-
Espérance , et dans plusieurs autres mers.