nombre de ces espèces, presque ronds; dans quelques
unes, alongés ; tantôt très-rapprochés et placés sur le
sommet de la tête, tantôt très-écartés et occupant les
faces latérales de cette même partie, tantôt encore très-
voisins et appartenant àu même côté de l’animal; quelquefois
disposés de manière à recevoir tous les deux
des rayons de lumière réfléchis par le même objet, et
d’autres fois ne pouvant chacun embrasser qu’un champ
particulier. De plus, ils sont, dans certains poissons,v
recouverts en partie, et mis comme en sûreté par une
petite saillie que forment les tégumens de la tête; et,
dans d’autres , la peau s’étend sur la totalité de ces
organes, qui ne peuvent plus être apperçus que comme
au travers d’un voile plus ou moins épais. La prunelle
enfin n’est pas toujours ronde ou ovale; mais on la voit
quelquefois terminée par un angle du côté du museau -
A la suite du sens de la vue, celui de l’ouïe se présente
à notre examen. Les sciences naturelles sont
maintenant trop avancées, pour que nous puissions
employer même un moment a réfuter 1 opinion de ceux
qui ont pensé que les poissons n’entendoient pas. Nous
n’annoncerons donc pas comme autant de preuves de
* Les yeux du poisson que l’on a nommé anableps, et duquel on à dit
qu’ il avoit quatre yeux, présentent une conformation plus remarquable encore
et plus; différente de celle que montrent les y.eux des animaux plus
composés. Nous avons fait connoître la véritable organisation des yeux de
cet anableps, dans un mémoire lu l’année dernière a l’Institut national : elle
est une nouvelle preuve des résultats que ce discours renferme; et on en
trouvera l ’exposition dans la suite de cet ouvrage..
la faculté d’entendre dont-jouissent ces animaux,'les
faits que nous indiquerons en parlant de leur instinct;
nous ne dirons pas que, dans tous les temps et dans
tous les pays, on a su qu’on ne pouvoit employer avec
succès certaines manières de pêcher qu’en observant le
silence le plus profond’ ; nous n’ajouterons pas, pour
réunir des autorités à des raiàonnemens fondés sur
l’observation , que plusieurs' auteurs1 anciens attri-
buoient cette faculté aux poissons, et que particulièrement
Aristote paroît devoir être compté parmi ces anciens
naturalistes’ : mais nous allons faire connoître la
forme de l’organe de l’ouïe dans les animaux dont nous
voulons soumettré toutes les qualités à nos recherches.-
Dès 1673, Nicolas Stenon de 'Copenhague a vu cet
organe et en a indiqué les principales parties* 1 *3; ce n’est
cependant que depuis les travaux des anatomistes récens,
Geoffroy le père, Vicq-d’Azyr, Camper, Monro,
et Scarpa, que nous en connoissons bien la Construction.
Dans presque aucun des animaux qui vivent habituellement
dans l’eau, et qui reçoivent les'impressions
sonores par l’intermédiaire d’un fluide plusid'ensë que
1 Parmi plusieurs voyageurs que nous pourrions citer à l ’àppui de faits
dont il n’est personne, au'reste, qui n’ait pu être témoin, nous choisissons
Bellon , qui dit que lorsquç , chms la Prqpontide, on veut prendre les
poissons endormis , évite tousses bruits par lesquels iis pourroient être
réveillés. ( LîvrT ,’ chap". 65. ) ^
1 Histoire dejs animaux ^ liv. IV,
3 dictes de Copenhague ; an, 167$, observ. 8g