queue, on voit un gros et long piquant, ou plutôt u iî
dard très-fort, et dont la pointe est tournée vers l'extrémité
la plus déliée de la queue.Ce dard est un peu
aplati, et dentelé de deux côtés comme le-fer de quelques
espèces de lances : les pointes dont il est hérissé
sont d autant plus grandes qu’elles sont plus près de la
racine de ce fort aiguillon ; et comme elles sont tournées
vers cette même racine, elles le rendent une arme
d’autant plus dangereuse quelle peut pénétrer facilement
dans les chairs, et qu’elle ne peut en sortir qu’en
tirant:ces pointes à contre-sens, et en déchirant profondément
les bords de la blessure. Ce dard parvient
d ailleurs à, une longueur qui le rend encore 'plus
redoutable. Plusieurs naturalistes, et notamment Gro-
novius, ont décrit des aiguillons d’aigle qui avoient un
décimètre (quatre pouces, ou à peu près) dè longueur;
Pline a écrit que ces piquans étoient quelquefois longs
de douze ou treize centimètres (cinq pouces, ou environ)
*; et j’en ai mesuré de plus, longs encore.
Cette arme-se détache du corps de la raie après un
certain temps.; c’est ordinairement au bout d’un an.
quelle s’en, sépare,. suivant quelques observateurs:
mais, avant qu’elle tombe, un nouvel aiguillon et
souvent deux commencent à se former, et paroissent
comme deux piquans de remplacement-auprès de la
racine de l’ancien. Il arrive même quelquefois que l’un
* JPlIue, Ilv. g, chujy, 48..
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de ces nouveaux dards- devient aussi long que celui
qu ils doivent remplacer, et. alors on voit la raie aigle
armée sur sa queue de deux forts aiguillons dentelés.
Mais cette sorte d’accident, cette augmentation du
nombre des piquans , ne constitue pas même une simple
variété, bien loin de pouvoir fonder une diversité
d’espèce, ainsi que l’ont pensé' plusieurs naturalistes
tant anciens que modernes, et particulièrement Aristote.
Lorsque cëtte arme particulière est introduite très-
avant dans la main, dans le bras, ou dans quelque autre
endroit du corps de ceux qui cherchent à saisir là raie
aigle; lorsque sur-tout elle j est agitée en différens
sens, et qu’elle en est à la fin violemment retirée, par
des efforts multipliés, de l’animal , elle peut blesser I@-
périoste, les tendons, ou-d’autres parties plus ou moins
délicates, de manière a produire des inflammations, des
convulsions, et d’autres symptômes alarmans. Ges terribles
effets-ont été bientôt regardés comme les signes■
de la présence d’un venin des plus actifs; et comme si
ce - n’étoit pas assez que d’attribuer à ce dangereux
aiguillon dont la queue de la raie aigle est armée, les
qualités redoutables, mais réelles,-des poisons, on a
bientôt adopté sur sa puissance délétaire les faits les-
plus merveilleux, les contes les plus absurdes'. On peut
voir ce qu’ont écrit de ce venin-mortel Oppien, Ælien,
Pline ; car, relativement aux effets funestes que nous
indiquons, ces trois auteurs ont entendu par leur pas-
tenaqpe ou leur raie trigone, non seulement la paste—