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on croira donc devoir attribuer à la bâtis, et aux autres
raies conformées de même, une assez grande supériorité
d’instinct ; et en effet, toutes les observations
prouvent qu’elles l’emportent par les procédés de leur
chasse, l’habileté*dans la fuite, la finesse dans les embuscades,
la vivacité dans plusieurs affections, et une
sorte d’adresse dans d’autres habitudes, sur presque
toutes les espèces connues de poissons et particulièrement
de poissons osseux.
Mais continuons l’examen des différentes portions du
corps de la bâtis.
Les parties solides que Ton trouve dans l’intérieur du
corps, et qui en forment comme la charpente, ne sont
ni en très-grand nombre, ni très-diversifiées dans leur
conformation.
Elles consistent premièrement dans une suite de
vertèbres cartilagineuses qui s’étend depuis le derrière
de la tête jusqu a l’extrémité de la queue. Ces vertèbres
sont cylindriques, concaves à un bout, convexes à
l’autre, emboîtéesl’une dans l’autre, et cependant mobiles,
et d’ailleurs flexibles, ainsi qu’élastiques par leur,
nature, de telle sorte quelles se prêtent avec facilité,
sur-tout dans la queue.,, aux divers mouvemens que
l’animal veut exécuter^Ces vertèbres sont garnies d’éminences
ou apophyses supérieures et latérales, assez
serrées contre les apophyses analogues des vertèbres
voisines. Comme c’est dans l’intérieur des bases des.
apophyses supérieures qu’est.située la moelle épinière,.
elle est garantie de beaucoup de blessures dans des
éminences cartilagineuses ainsi pressées l’une contre
1 autre ; et voila une des causes qui rendent la vie de la
bâtis plus indépendante d’un grand nombre d’accidens
que celle de plusieurs autres espèces de poissons.
On voit aussi un diaphragme cartilagineux, fort, et
présentant quatre branches courbées, deux vers la partie
anterieure du corps , et deux vers la postérieure. De
ces deux arcs ou demi-cercles, l’un embrasse et défend
une partie de la poitrine, l’autre enveloppe et maintient
une portion du ventre de la bati's.
On découvre enfin dans l’intérieur du corps un cartilage
transversal assez gros, placé en deçà et très-près
de l’anus, et qui, servant à maintenir la cavité du bas
ventre, ainsi qu’à retenir les nageoires ventrales, doit
être, à cause de sa position et de ses usages, comparé
aux os du bassin^ de l’homme et des quadrupèdes. Ce
qui ajoute à cette analogie, c’est qu’on trouve de chaque
côté , et à l’extrémité de ce grand cartilage transversal,
un cartilage assez long et assez gros, articulé par un
bout avec le premier, et par l’autre bout avec un troisième
cartilage moins'long et moinsgros que le second,
Ces second et troisième cartilages font partie de la
nageoire ventrale, de cette nageoire que l’on regarde
comme faisant l’office-d’un dès pieds du poisson. Attachés
l un au bout de l’autre., ils forment, dans cette
disposition , le premier et le plus long des rajons de
la nageoire mais ils ne présentent pas la contexture.