même forme, la même grosseur, la même disposition de
tubercules, que la .sephen; elles présentent également
les trois tubercules hémisphériques et blanchâtres du
d os. A‘la vérité, toutes les prétendues peaux de requin que
j’ai vues, au lieu de montrer une couleur uniforme,
comme les sephens observées par Forskael, étaient
parsemées d’un grand nombre de taches inégales ,
blanches, et presque rondes; mais l’on doit savoir déjà
que, dans presque toutes les espèces de raies, la présence
d’un nombre plus ou moins grand de taches ne peut
constituer tout au plus qu’une variété plus ou moins
constante,
Ces tubercules s’étendent non seulement au dessus
du corps, mais encore au dessus d’une grande partie de
la tête. Ils s’avancent presque jusqu a l’extrémité du
museau, et entourent l’endroit des évents et des je u x ,
dont ils sont cependant séparés par un intervalle.
On reçoit d’Angleterre de ces dépouilles de sephensj
de presque toutes les grandeurs, jusqu’à la longueur
de soixante-cinq centimètres (deux pieds) ou environ;
La peau des sephens parvenues à un développement
plus étendu ne pourroit pas être employée comme
celle des petites, à cause de la grosseur trop considérable
de ses tubercules. Sur une de ces dépouilles, la
partie tuberculée qui couvre la tête et le corps avoit
cinquante-quatre centimètres (un pied sept pouces)
de long, et deux décimètres (sept pouces) dans sa plus
grande largeur; et celle qui revêtait la portion du
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dessus de la queue, la plus voisine du dos, était longue
de deux décimètres (sept pouces ou à peu près) *.
J ’ai pensé que l’on apprendroit avec plaisir dans
quelle mer se trouve le poisson dont la peau , recherchée
depuis long-temps par plusieurs artistes, nous a
été jusqu’à présent apportée par des étrangers, qui
nous ont laissé ignorer la patrie de l’animal qui la fournit.
Il est à présumer que l’on rencontrera la sephen
dans presque toutes les mers placées sous le même
climat que la mer rouge; et nous devons espérer que
nos navigateurs, en nous procurant directement sa
peau tuberculée, nous délivreront bientôt d’un des
tributs que nous payons à l’industrie étrangère,
Voilà donc quatre raies, l’aigle, la pastenaque, la
lymme et la sephen, dont la queue est armée de pi-
quans dentelés. Ces dards, également redoutables dans
ces différentes espèces de poissons cartilagineux, les ont
fait regarder toutes les quatre comme venimeuses : mais
les mêmes raisons qui nous ont montré que l’aigle et
la pastenaque ne contenoient aucun poison, doivent
nous faire penser que l’arme de la sephen et de la
lymme ne distille aucun venin, et n’est à craindre que
par ses effets mécaniques.
* On peut voir, dans les galeries du Muséum national d histoire naturelle,
une de ces dépouilles de sephen.