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les nageoires pectorales sont très-grandes et anguleuses;
les nageoires ventrales se divisent chacune en
deux portions, dont l’une représente une nageoire
ventrale proprement dite, et l’autre une nageoire de
l’anus. Les appendices qui caractérisent le mâle sont
très-courts, et d’un très-petit diamètre. La queue, très-
mobile, déliée, et à peu près de la longueur de la tête
et du corps pris ensemble, est garnie à son extrémité
d’une petite nageoire caudale, et présente de plus, sur
la partie supérieure de cette même extrémité, deux
petites nageoires contiguës l’une à l’autre, ou, pour
mieux dirèf une seconde nageoire dorsale, divisée en
deux lobes, et qui touche la caudale.
On ne voit aucun piquant autour des jeux; mais une
rangée d'aiguillons s’étend depuis la première nageoire
dorsale jusqu’à l’origine de la queue, qui est armée
de trois rangées longitudinales de pointes aiguës.
Au reste, la partie supérieure de l’animal est parsemée
d’une grande quantité de taches foncées et irrégulières.
La nageoire dorsale, qui se fait remarquer sur cette
raie, est un peu ovale, plus longue que large, et un
peu plus étroite à sa base que vers le milieu de sa
longueur, à cause de la divergence des rajons dont
•.elle est composée.
Sa place, beaucoup plus rapprochée des évents que
celle des premières nageoires dorsales de la plupart
.des raies., avoit donné quelques soupçons au citojen
Cuvier sur la nature de cette nageoire : il avoit craint
qu’elle .ne fût le produit de quelque supercherie, et
n’eût été mise artificiellement sur le dos de l’individu
qu’il décrivoit. « Cependant un examen attentif, m’a
» écrit dans le temps cet habile observateur *, ne me
» montra rien d’artificiel; et le possesseur de cette raie,
» homme de bonne foi, m’assura avoir préparé cet ani-
» mal tel qu’on le lui avoit apporté du marché. »-<
Mais quand même il faudroit retrancher de la raie
cuvier cette première nageoire dorsale, elle seroit encore
une espèce distincte de toutes celles que nous
connoissons. En effet, là raie avec laquelle elle paroît
avoir le plus de ressemblance, est la ronce. Elle en diffère
néanmoinspar plusieurs traits, et particulièrement
par les trois caractères suivans.
Premièrement, elle n’a point, comme la ronce, de gros|
piquans auprès des narines, autour des jeu x , sur les ■
côtés du dos, sur la partie inférieure du corps, ni de
petits aiguillons sur ses nageoires pectorales et sur tout ;
le reste de sa surface.
Secondement, les appendices qui distinguent les
mâles sont très-petits, tandis que les appendices des
raies ronces mâles sont très-longs et très-gros, sur-tout
vers leur extrémité.
Et troisièmement, là raie ronce et la raie cuvier
* Lettre du citoyen Cuvier au citoyen La Cepède, datée de Fiquainyille
près de Yallemont, département de la Seine-Inférieure, le 9 mars 1792»