n’apperçoit d’ailleurs dans aucun genre de poissons,
paraissent nécessaires aux promptes et fréquentes aspirations
et expirations aqueuses sans lesquelles les raies
cesseraient de vivre.
Nous allons voir que les ouvertures des branchies des
raies sont situées dans le côté inférieur de leur corps.
Ne pourroit- on pas, en conséquence, supposer que le
séjour-assez long que font les raies dans le fond des
mers, où elles tiennent la partie inférieure de leur
corps appliquée contre le limon ou le sable, doit les
exposer à avoir, pendant une grande partie de leur vie,
l’ouverture de leur bouche, ou celles du siège de la respiration
collées en quelque sorte contre la vase, de manière
que l’eau de la mer ne puisse y parvenir ou en
jaillir qu’avec peine, et que, si celles de ces ouvertures
qui peuvent être alors obstruées , n’étoient pas suppléées
par les évents placés dans le côté supérieur des
raies, ces animaux ne pourraient pas faire arriver jusqu’à
leurs organes respiratoires , l’eau dont ces organes
doivent être périodiquement abreuvés?
Ce siège de la respiration, auquel les évents servent
à apporter ou à ôter l’eau de la mer, consiste, de chaque
côté, dans une cavité assez .grande qui communique
avec celle du palais, ou, pour mieux dire, qui fait partie
de cette dernière, et qui s’ouvre à l’extérieur, dans le
côté inférieur du corps, par cinq trous ou fentes transversales,
que l’animal peut fermer et ouvrir en étendant
ou retirant les membranes qui revêtent les bords de ces
fentes. Ces cinq ouvertures sont situées au-delà de celle
de la bouche, et disposées sur une ligne un peu courbe,
dont la convexité est tournée vers le côté extérieur du
corps; de telle sorte, que ces deux rangées, dont chacune
est de cinq fentes, représentent, avec l’espace
quelles renferment au-dessous de la tête, du cou et
d’une portion de la poitrine de l’animal, une sorte de
disque ou de plastron un peu ovale.
Dans chacune de ces cavités latérales de la bâtis sont
les branchies proprement dites, composées de cinq cartilages
un peu courbés, et garnis de membranes plates
très-minces, très-nombreuses, appliquées l’une contre
l’autre, et que l’on a comparées à des feuillets; l’on
compte deux rangs de ces feuillets ou membranes très-
minces et très-aplaties, sur le bord convexe des quatre
premiers cartilages ou branchies, et un seul rang sur
le cinquième ou dernier.
Nous avons déjà vu* que ces membranes très-minces
contiennent une très-grande quantité de ramifications
des vaisseaux sanguins qui aboutissent aux branchies,
soit que ces vaisseaux composent les dernières extrémités
de l’artère branchiale, qui se divise en autant de
rameaux qu il j a de branchiél, et apporte dans ces
organes de la respiration le sangqui a déjà circulé dans
tout le corps, et dont les principes ont besoin d’être purifiés
et renouvelés; soit que ces mêmes vaisseaux soient
Discours sur la nature des poissons» TOME I.