peuplent les eaux douces et les eaux salées. L’observation
nous indiquera les espèces qui ont disparu de
dessus le globe, celles qui ont été reléguées d’une plage
daus une autre , celles qui ont été légèrement ou
profondément modifiées, et celles qui ont résisté sans
altération aux siècles, et aux combats des élémens.
Nous interrogerons, sur l’ancienneté des changemens
éprouvés par la classe des poissons, le temps, qui, sur
les monts qu’il renverse, écrit l’histoire des âges de la
nature. Nous porterons sur-tout un oeil attentif sur ces
endroits déjà célèbres pour les naturalistes, et où se
trouvent réunies un très-grand nombre de ces empreintes
ou de ces pétrifications de poissons. Nous étudierons
sur-tout la curieuse collection de ces animaux
que renferme dans ses flancs ce Bolca, ce mont véro-
nois, connu depuis plusieurs années par les travaux de
plusieurs habiles ichthjologistes, fameux maintenant
par les victoires des armées françoises, tant de fois
triomphantes autour de sa cime. Faisant enfin remarquer
les changemens de température que paroîtront
indiquer pour telle ou telle contrée les dégénérations
ou l’éloignement dès espèces, nous tâcherons , après
avoir éclairé l’histoire des poissons par celle de la
terre, d’éclairer l’histoire de' la terre par celle des
poissons.
Indépendamment de ces altérations très-rem arquables
que peuvent présenter les espèces de poissons,
les forces de la nature dérangées dans leur direction,
sur là n a t u r e des p o i s s o n s , cxxxix
ou passagèrement changées dans leurs proportions ,
font éprouver à ces animaux des modifications plus ou
moins grandes, mais qui, ne portant que sur quelques
individus,, ne sont que de véritables monstruosités.
On voit souvent, et sur-tout parmi les poissons domestiques,
dont les formes ont dû devenir moins constantes,
des individus sortir de leurs oeufs et quelquefois se
développer , les uns difformes par une trop grande
extension ou un trop grand rétrécissement de certaines
parties, les autres sans ouverture de la bouche, ou
sans quelqu’un des organes extérieurs propres à leur
espècej ceux-ci avec des nageoires de plus, ceux-là avec
deux têtes; ceux-là encore avec deux têtes, deux corps,
deux queues, et composés de deux animaux bien formés
, bien distincts, mais réunis sous divers angles par
le côté ou par le ventre. La eonnoissance de ces accidens
est très-utile; elle découvre le jeu des ressorts; elle
montre jusqu’à quel degré l’exercice des fonctions animales
est augmenté, diminué ou anéanti par la présence
ou l’absence de difïérens organes.
Cependant la force productive non seulement réunit,
dans ses aberrations , des formes que l’pn ne trouve pas
communément ensemble, mais encore peut souvent
dans sa marche régulière, et sur-tout lorsqu’elle est
aidée par l’art, rapprocher deux espèces différentes,
les combiner, et de leur mélange faire naître des individus
différens de l’une et de l’autre. Quelquefois ces
individus sont féconds et deviennent la souche d’une