nité sur le fluide contenu dans les quatorze petits sacs,
et que toutes les décompositions et les combinaisons
nécessaires à la circulation et à la vie puissent y être
aussi facilement exécutées que dans des organes beaucoup
plus divisés, dans des parties plus adaptées à
l’habitation ordinaire des poissons, et dans des branchies
telles que celles que nous verrons dans tous les
autres genres de ces animaux. Il se pourroit cependant
que ces diverses compositions et décompositions ne
fussent -pas assez promptement opérées par des sacs
ou bourses bien plus semblables aux poumons dès
quadrupèdes , des oiseaux et des reptiles, que les branchies
du plus grand nombre de poissons ; que les pétromyzons
souffrissent lorsqu’ils ne pourroient pas de
temps en temps, et quoiqu’à des époques très-éloi-
gnées l’une de l’autre ^remplacer le fluide des mers et
des rivières par celui de l’atmosphère ; et cette nécessité
s’accorderoit avec ce qu’ont dit plusieurs observateurs,
qui ont supposé dans les pétromyzons une sorte d’obligation
de s’approcher quelquefois de la surface des
eaux, et d’y respirer pendant quelques momens l’air
atmosphérique *. On pourroit aussi penser que c’est à
cause de la nature de leurs bourses respiratoires, plus
analogue à celle des véritables poumons que celle des
branchies complètes, que les pétromyzons vivent facilement
plusieurs jours hors de l’eau. Mais, quoi qu’il en
* Voyez Rondelet, endroit déjà cité.
I I
soit, voici comment l’eau circule dans chacun des quatorze
petits sacs de la lamproie.
Lorsqu’une certaine quantité d’eau est entrée par la
bouche dans la cavité du palais, elle pénètre dans chaque
bourse par les orifices intérieurs de ce petit sac, et elle
en sort par l’une des quatorze ouvertures extérieures
que nous avons comptées. Il arrive souvent au contraire
que l’animal fait entrer l’eau qui lui est nécessaire par
Tune des quatorze ouvertures, et la fait sortir de la
bourse par les orifices intérieurs qui aboutissent à la
cavité du palais. L’eau parvenue à cette dernière cavité
peut s’échapper par la bouche, ou par un trou ou évent
que la lamproie, ainsi que tous les autres pétromyzons,
a sur lé derrière de la tète. Cet évent, que nous
retrouverons double sur la tete de très-grands poissons
cartilagineux, sur celle des raies et des squalles, est
analogue à ceux que présente le dessus de la tête des
cétacées, et par lesquels ils font jaillir l’eau de la mer à
une grande hauteur, et forment des jets d’eau que Ton
peut appercevoir de loin. Les pétromyzons peuvent également,
et d’une manière proportionnée à leur grandeur
et à leurs forces, lancer par leur évent l’eau surabondante
des bourses qui leur tiennent lieu de véritables
branchies. Et sans cette issue particulière, qu’ils peuvent
ouvrir et fermer à volonté en écartant ou rapprochant
les membranes qui en garnissent la circonférence, ils
s e ro ie n t obligés d’interrompre tres-souvent une de leuis
habitudes les plus constantes, qui leur a fait donner