toutes ses forces, qu’il s’offre dans toutes ses habitudes,
A peine le soleil du printemps commence-t-il de répandre
sa chaleur vivifiante, à peine son influence
rénovatrice et irrésistible pénètre-t-elle jusques dans
les profondeurs des eaux, qu’un organe particulier se
développe et s’agrandit dans les poissons mâles. Cet
organe, qui est double, qui s’étend dans la partie supérieure
de l’abdomen, qui en égale presque la longueur,
est celui qui a reçu le nom de latte. Séparé, par une
membrane, des portions qui l’avoisinent, il paroît composé
d’un très-grand nombre de petites cellules plus
distinctes à mesure quelles sont plus près de la queue;
chacun de ses deux lobes renferme un canal qui en
parcourt la plus grande partie de la longueur, et qui
est destiné à recevoir, pour ainsi dire, de chaque cellule
une liqueur blanchâtre et laiteuse qu’il transmet
jusqu’auprès de Y anus. Cette liqueur, qui est la matière
séminale ou fécondante, se reproduit périodiquement.
A mesure qu’une nourriture plus ahondante
et la chaleur active de la saison nouvelle augmentent
cette substance, elle remplit les cellules de l’organe
que nous décrivons, les gonfle, les étend, et donne
aux deux lobes ce grand accroissement qu’ils présentent
, lorsque le temps du frai est arrivé. Ce développement
successif n’est quelquefois terminé qu’au bout
de plusieurs mois; et pendant qu il§ exécute, la matière
dont la production l’occasionne, n’a pas encore toute
la fluidité qui doit lui appartenir : ce n’est que graduçllement,
et même par parties, qu’elle se perfectionne,
s’amollit, se fond, mûrit, pour ainsi dire, devient plus
blanche, liquide, et véritablement propre à porterie
mouvement de la vie dans les oeufs quelle doit arroser.
C’est aussi vers le milieu ou la fin du printemps que
les ovaires des femelles commencent à se remplir d’oeufs
encore presque imperceptibles.. Ces organes sont au
nombre de deux dans le plus grand nombre de poissons,
et réduits à un seul dans les autres. Renfermés dans
une membrane comme les laites, ils occupent dans
l’abdomen une place analogue à celle que les laites
remplissent, et en égalent à peu’ près la longueur. Les
oeufs qu’ils renferment croissent à mesure que les laites
se tuméfient; et dans la plus grande partie des familles
dont nous faisons l’histoire, leur volume est très-petit,
leur figure presque ronde, et leur nombre si immense,
qu’il est plusieurs espèces de poissons, et particulièrement
des gades, dont une seule femelle contient plus
de neuf millions d’oeufs *.
Ces oeufs, en grossissant, compriment chaque jour
davantage les parties intérieures de la femelle, et la
* Comme ces oeufs sont tous à peu près égaux quand ils sont arrivés au
même degré de développement, et qu’ils sont également rapprochés les
uns des autres, ou peut en savoir facilement le nombre’, en pesant la
totalité d’un ovaire , en pesant ensuite une petite portion de cet organe,
en comptant.les oeufs renfermés dans cette petite portion, et en multipliant
le nombre trouvé par .cette dernière opération , autant de'fqis que
le poids de la petite portion est contenu dans .celui de l ’ovaire.