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tubes par une membrane cellulaire très-fine, communiquant
ensemble par de petits vaisseaux sanguins,
placées l’une au dessus de l’autre à de très-petites
distances, et formant un grand nombre de petits interstices
qui semblent contenir un fluide.
De plus, chaque organe est traversé par des artères,
des veines , et un grand nombre de nerfs qui se divisent
dans toutes sortes de directions entre les tubes,'et
étendent de petites ramifications sur chaque cloison, où
ils disparoissent *.
Tel est le double instrument que la nature a accordé
a la torpille; tel est le double siège de sa puissance
électrique. Nous venons de voir que lorsque cette raie
est parvenue à un certain degré de développementales
deux organes réunis renferment près de deux mille
quatre cents tubes : ce grand assemblage de tuyaux
représente les batteries éleètrujaesy-si bien'connues des
physiciens modernes, et que'f^ttipóS&ixt'dfs-’êöïiieincs
fulminantes, appelées bouteilles de ZèjûfeydiSposées dans
ces batteries de la même manière que les tubes dans
les organes dè la torpille', beaucoup plus grandes à la
vérité,1 mais aussi bien iiiôins nombreuses.
Voyons maintenant quels sont' les effets de ces
instrumens fùlminans-; exposons de quelle manière la
* Ceux qui désireront des détails plus étendus sur les organes que nous
venons de décrire pourront ajouter aux résultats de nos observations
ceux qu’ ils trouveront dans l’excellent ouvrage de J . Hunter, intitulé Observations
anatomiques sur la torpille| .■
torpille jouit de son pouvoir électrique. Depuis très-
long-temps on avoit observé, ainsi que nous -l’avons
dit, .cette curieuse faculté; mais elle étoit encore inconnue
dans sa nature et dans plusieurs de ses phénomènes
, lorsque Redi chercha à en avoir une idée
plus nette que les savans qui l’avoient précédé. 11 voulut
éprouver la vertu d’une torpille que l’on venoit de pêcher.
«A peine l’avois-je touchée et serrée avec la
» main , dit cet habile observateur ‘, que j’éprouvai dans
» cette partie un picotement qui se communiqua dans
» le bras et dans toute l’épaule, et qui fut suivi d’un
>. tremblement désagréable , et d’une douleur accab
lan te et aiguë dans le coude, en sorte que je fus
» obligé de retirer aussitôt la main». Cet engourdissement
a été aussi décrit par Réaumur, qui a fait plusieurs
observations sur la raie torpille. «Il est très-dif-
» férëut des engourdissemens ordinaires, a écrit ce
» savant naturaliste ; on ressent dans toute letendue du
» bras une espèce d’étonnement qu’il n’est pas possible
» de bien peindre, mais lequel (autant que les senti-
» mens peuvent se faire Connoître par comparaison) a
» quelque rapport avec la sensation douloureuse que
» l’on éprouve dans le bras lorsqu’on s’est frappé rude-
» ment le coude contre quelque corps dur3; »
Redi, en continuant de rendre compte de ses expé-
1 Expérimenta circa res diversas naturales. .
s. Mémoires de Vacadémie des sciences3 au. 1714»