où on le pêchey à presque toutes les latitudes, depuis le
cap de Bonne-Espérance jusques vers l’extrémité septentrionale
de la mer du Nord. Il est très-aisé de le
distinguer d’un très-grand nombre de poissons, et particulièrement
de ceux de son genre, par l’aplatissement
de son corps, si comprimé latéralement, et ordinairement
si arrondi dans le contour vertical qu’il montre
àeeux qui regardent un de «es côtés, qu’on a comparé
son ensemble à un disque ; et voilà pourquoi le nom
de soleil lui a été donné , ainsi que celui de lune, qui a
été cependant plus généralement adopté. Il a d’ailleurs,
sur cette grande surface presque circulaire que chaque
côté présente, cet éclat blanchâtre qui distingue la lumière
de la lune. En effet, si son dos est communément
d’une nuance très-foncée et presque noire, ses
côtés et son ventre brillent d’une couleur argentine
très-resplendissante, sur-tout lorsque le tétrodon est
exposé aux rayons du soleil. Mais ce n’est pas seulement
pendant le jour qu’il répand ainsi cet éclat argentin qu’il
ne doit alors qu’à la réflexion d’une clarté étrangère :
pendant la nuit il brille de sa propre lumière; il montre,
de même qu’un très-grand nombre de poissons, et plus
vivement que plusieurs de ces animaux, une splendeur
phosphorique qu’il tient de la matière huileuse dont il
est imprégné. Cette splendeur paroît d’autant plus vive
que la nuit est plus obscure; et lorsque le poisson lune
est un peu éloigné de la surface de la mer, la lumière
qui émane de presque toutes les parties de son corps,
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et qui est doucement modifiée et rendue ondulante par
les couches d’eau qu’elle traverse , ressemble beaucoup
à cette clarté tremblante dont la lune remplit l’atmosphère
, lorsqu’elle est un peu voilée par des nuages
légers. Ceux qui s’approchent, au milieu de ténèbres
épaisses, des rivages de la mer auprès desquels nage le
tétrodon dont nous nous occupons , éprouvent souvent
un moment de surprise en jetant les yeux sur ce disque
lumineux, et en le prenant, sans y songer, pour l’image
de la lune, qu’ils cherchent cependant en vain dans le
ciel. Plusieurs individus de cette espèce très-phospho-
rique, voguant assez près les uns des autres, multiplient
cette sorte d’image; et les figures lumineuses, nombreuses
et très-mobiles, que présentent ces poissons ,
composent un spectacle d’autant plus étendu , que ces
tétrodons peuvent être vus de très-loin. Ils parviennent,
en effet, à la longueur de quatre piètres , ou un peu
plus de douze pieds; et comme leur hauteur est à peu
près égale à leur longueur, on peut dire qu’ils peuvent
montrer de chaque côté une surface resplendissante de
plus de cent pieds quarrés. On assure même qu’en 1735
on prit, sur les côtes d’Irlande, un tétrodon lune, qui
avoit vingt-cinq pieds anglois de longueur *, et qui,
par conséquent, paroissoit pendant la nuit comme un
disque lumineux de plus de quatre cents pieds quarrés
de surface.
* Ilist* o f IVuterfordy p. 271.
Borlase, Jdist» nul. o f Cornyfall3p. 267.