H I S T O çfô I R E N À T U R E t Ii K
» qu’on n’appercevoit pas le passage d’un état à l'autre...
» Par la contraction lente qui est l’effet de l’aplâtisse-
» ment, la torpille bande , pour akisî -dire, -tous ses
»■ ressorts; elle rend plus courts tous seseylindres pelle
» augmente en même temps leurs bases. La contraction
» s’est-elle faite jusqu’à Un certain point, tous les res-
» sorts sedébandent,lés fibres longitudinales s’alongent;
» les transversales, ou celles qui forment les cloisons, se
» raccourcissent; chaque cloison, tirée par. les fibres
» longitudinales qui s’alongent, pousse en haut la ma-
»-tière molle quelle contient, à quoi aide encore beau-
» coup le mouvement d’ondulation qui se fait dans les
» fibres transversales, lorsqu’elles se contractent. Si un
» doigt touche alors la torpille, dans un instant il reçoit
» un coup, ou plutôt il reçoit plusieurs coups successifs
» de chacun des cylindres sur lesquels il est appliqué....
» Ces coups réitérés donnés par une matière molle
» ébranlent les nerfs ; ils suspendent ou changent le
» cours des esprits animaux ou de quelque fluide équi-
» valent; ou, si on l’aime mieux encore, ces coups pro-
» duisent dans les nerfs un mouvement d’ondulation
» qui ne s’accommode pas avec celui que nous devons
» leur donner pour mouvoir"le bras. Ue là naît l’im-
» puissance où l’on se trouve d’en faire usage, et le
» sentiment douloureux.»
Après cette explication, qui, malgré les erreurs quelle
renferme relativement à la cause immédiate de l’engourdissement
, ou, pour mieux dire, d’une commotion
» É s 1> O 1 S S O N S. 9 7
qui nest quune secousse électrique, montre les raou-
vemens de contraction et d’extension que la torpille
imprime à son double organe lorsqu’elle veut paralyser
un etre vivant qui la touche, -Réaumur rapporte une
expérience qui peut donner une idée du degré auquel
s élève le plus souvent la force de l’électricité de la raie
dont nous traitons. Il mit une torpille et un canard
dansun vâse qui contenoit de l’eau de mer, et qui étoit
recouvert dun linge, afin que le canard ne pût pas
s’envoler. L’oiseau pouvoit respirer très-librement, et
néanmoins au bout de quelques heures on le trouva
mort : il avoit succombé sous les coups électriques que
lui avoit portés la torpille; il avoit été, pour ainsi dire,
foudroyé par elle.
Cependant la science de l’éleétricitè fit des progrès
rapides, et fut cultivée dans tout lé monde savant.
Chaque jour on chercha à en étendre le domaine; on
retrouva la puissance électrique dans plusieurs phénomènes
dont on n avoit encore pu- donner aucune raison
satisfaisante. Le .docteur Bancroft soupçonna l’identité
de la vertu de la torpille, et de l’action du fluide électrique;
et enfin M. Walsh, de la société de Londres,
démontra cette identité par des expériences très-nombreuses
qu’il fit auprès des côtes de France, dans l’isle
de Ré, et qu il répéta à la Rochelle, en présence des
membres de l’académie de cette ville *. Voici les principales
de ces expériences.
* Qf-the electnc Jjropcrfy o f the torpédo. I .on don >1774.
TOME I. l 3