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serpens qui infestoient cette isle, et que cet apôtre
changea en pierres, on a voulu retrouver dans ces dents
de requin les langues pétrifiées des serpens métamorphosés
par saint Paul. Cette.erreur, comme toutes celles
qui se sont mêlées avec des idées religieuses, a même
été assez générale pour faire donner à ces. parties de
requin un nom qui rappelât l’opinion que l’on avoit
sur leur origine; et an. les a distinguées par la dénomination
de glossopètres, qui signifie langues de pierre ou
pétrifiées. Il auroit été plus convenable de les appeler,
avec quelques auteurs, odontopètres, c’est-à-dire dents
pétrifiées, ou ichthyodontes, qui veut dire dents de poisson,
ou encore mieux, latniodoutes,,dents de lamie ou requin.
Au reste, on remarque, dans quelques cabinets, de
ces dents de requin, ou lamiodontes, pétrifiéesd’une
grandeur très-considérable. Et comme lorsqu’on a su
que ces dépouilles avoient appartenu à un requin, on
leur a attribué les mêmes vertus chimériques qu’aux
dents, de cet animal non pétrifiées, et non fossiles,
on voit pourquoi plusieurs muséum présentent de ces
lamiodontes enchâssées avec art dans de l’argent ou du
cuivre, et montées de manière à pouvoir, être suspendues
et portées au cou en, guise d’amulettes.
Il j a, dans le Muséum national.d’histoire naturelle,
une très-grande dent fossile et pétrifiée qui réunit à
un émail assez bien conservé tous, les caractères des
dents de requin. Elle a été trouvée aux environs de
E>ax, auprès des Pyrénées, et envojée dans le temps au
muséum par M. de Borda. J ’ai mesuré avec exactitude
la partie émaillée qui, dans l’animal vivant, paroissoit.
hors des alvéoles. J ’ai trouvé que le plus grand côté du
triangle formé par cette partie émaillée avoit cent
quinze millimètres (quatre pouces trois lignes) de
longueur : la note suivante * indiquera les autres
dimensions. J’ài désiré de savoir quelle grandeur on
pouvoit supposer dans le requin auquel cette dent a
appartenu. J ’ai, en conséquence, pris avec exactitude la
mesure des dents d’un grand nombre de requins parvenus
à différens degrés de développement. J ’ai comparé
les dimensions de ces dents avec celles de ces animaux.
J ’ai vu qu’elles ne croissoient pas dans une proportion
aussi grande que la longueur totale des requins, et que,,
lorsque ces squales avoient obtenu une taille un peu
considérable, leurs dents étoient plus petites qu’on ne.
l’auroit pensé d’après celles des jeunes requins. On ne
* Plus grande largeur de là partie émaillée de la millimètres pouces lignes*
dent, 90 3 3 .
Longueur de la partie émaillée, mesurée sur le côté,
convexe, et depuis le sommet de l’angle saillant
jusqu’à celui de l’anglè rentrant formé par la base
de cette même partie émaillée, 82. 3
Longueur delà partie émaillée, mesurée sur le côté
concave, et depuis le sommet de l’ angle saillant
jusqu’à celui de l’angle rentrant'formé par la base '
de cette même partie émaillée,jj 82 3-
Je n’ai point cherché à connoîtve les dimensions dé la portion non émail-*
Jée, parce que je ne pouvois pas être sûr de son intégrité.