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Ces oeufs ne sont pas en très-grand nombre dans 1er
corps des femelles , et ils ne s’y développent pas tous à
la fois. Ceux qui sont placés le plus près de l'ouverture'
de l’ovaire, sont les premiers formés au point de pouvoir
être fécondés ; lorsqu’ils sont devenus, par cette
espèce de maturité, assez pesans pour gêner la mère
et l’avertir, pour ainsi dire, que le temps de donner le
jour à des petits approche, elle s’avance ordinairement
vers les rivages, et y cherche,, ou des aiimens particuliers,
ou des asyles plus convenables, ou des eaux d une-
température plus analogue à son état. Alors le mâle la;
recherche, là saisit, la retourne pour ainsi dire, se place-
auprès d'elle de manière que leurs côtés inférieurs se-
correspondent, se colle en quelque sorte à son corps,,
s'accroche à elle par le moyen des appendices particuliers
que nous avons décrits, la serre avec toutes ses:
nageoires ventrales et pectorales, la retient avec force
pendant un temps plus ou moins long, réalise ainsi un,;
véritable accouplement; et se tenant placé de manière
que son anus soit très-voisin de c.elui de sa femelle, ili
laisse échapper la liqueur séminale-, qui, pénétrant jusqu’à
l’ovaire de celle contre laquelle il se presse, j .
fécondé les deux ou trois premiers.oeufs que rencontredit
on, la fumée qui s’élève d’oeufs dè.bâtis et d’autres raies jetées sur des
charbons, et qui parvient, parle moyen de certaines précautions, dans la
bouche et dans le nez, comme un très-bon remède contre les fièvres inter-
mitt entes.
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cette liqueur active, et qui sont assez développés pour
en recevoir l’influence.
Cependant les coques fécondéés achèvent de grossir;
et les oeufs moins avancés, recevant aussi de nouveaux
degrés d’accroissement, deviennent chaque jour plus
propres à remplacer ceux qui vont éclore, et à être
fécondés à leur tour.
Lorsqu’enfin les foetus renfermés dans les coques qui
ont reçu du mâle le principe de vie, sont parvenus au
degré de force et de grandeur qui leur est nécessaire
pour sortir de leur enveloppe, ils la déchirent dans le
ventre même de leur mère, et parviennent à la lumière
tout formés, comme les petits de plusieurs serpens et
de plusieurs quadrupèdes rampans qui n’en sont pas
moins ovipares *.
D’autres oeufs, devenus maintenant trop gros pour
pouvoir demeurer dans le fond des ovaires, sont, pour
ainsi dire, chassés par un organe qu’ils compriment; et
repoussés vers l’extrémité la plus large dé ce même
organe, ilsy remplacent les coques qui viennent d’éclore
et dont l’enveloppe déchirée est rejetée par l’anus à la
suite de la jeune raie. Alors une seconde fécondation
doit avoir lieu ; la femelle souffre de nouveau l’approche
du mâle ; et toutes les opérations que nous venons
d’exposer se succèdent jusques au moment où les
ovaires sont entièrement débarrassés de bourses ou *
* Voyez l’Histoire naturelle des serpens et celle des quadrupèdes ovipares-*