blance qu’ils ont avec les quadrupèdes ovipares et avec
les serpens. Notre confrère Broussonnet a montré que,
dans quelque sens, qu’on coupe une nageoire , les
membranes se réunissent facilement, et les rajons,
ceux même qui sont articulés et composés de plusieurs
pièces, se renouvellent etreparoissent.ee qu’ils étoient,
pour peu que la blessure qit laissé une petite portion
de leur origine. Au reste, nous devons faire remarquer
que le temps de la reproduction est, pour les différentes
sortes de nageoires, très-inégal, et proportionné, comme
celui de leur premier développement, à l’influence que
nous leur avons assignée sur la natation des poissons:
et comment, en effet, les nageoires les plus nécessaires
aux mouvemens dé ces animaux, et par conséquent
les plus exercées, les plus agitées , ne seroient-elles
pas aussi les premières formées et les premières re->
produites ?
Nous verrons dans cette histoire, que lorsqu’on a
ouvert le ventre à un poisson pour lui enlever la laite
ou l’ovaire, et l’engraisser par cette sorte de castration,
les parties séparées pour cette opération se reprennent
avec One grande facilité, quoique la blessure ait été
souvent profonde et étendue ; et enfin nous devons dire
ici que c?est principalement dans les poissons que Ion
doit s’attendre a voir des nerfs coupés se rattacher et
se reproduire dans une de leurs parties, ainsi que
Cruikshank, dé la société de Londres , les a vus se
relier et se régénérer dans des animaux plus par->
faits, sur lesquels il a fait de très-belles expériences *.
Tout se réunit donc pour faire admettre dans les
poissons, ainsi que dans les quadrupèdes ovipares et
dans les serpens, une très-grande vitalité; et voilà
pourquoi il n’est aucun de leurs muscles qui, de même
que ceux de ces deux dernières classes d’animaux , ne
soit encore irritable, quoique séparé de leur corps, et
long-temps après qu’ils ont perdu la vie.
Que l’on rapproche maintenant dans sa pensée les
différens objets que nous venons de parcourir, et leur
ensemble formera un tableau général de l’état actuel
de la classe des poissons. Mais cet état a-t-il toujours
été le même? C’est ce que nous examinerons dans un
discours particulier, que nous consacrerons à de nouvelles
recherches. Ne tendant point alors, pour ainsi
dire, à pénétrer dans les abymes des mers, nous nous
enfoncerons dans les profondeurs de la terre ; nous
irons fouiller dans les différentes couches du globe,
et recueillir , au milieu des débris qui attestent les
catastrophes qui l’ont bouleversé , les restes des
poissons qui vivoient aux époques de ces grandes
destructions. Nous examinerons , et les empreintes,
et les portions conservées dans presque toute leur
essence, ou converties en pierres, des diverses espèces
de ces animaux ; nous les comparerons avec ce que
•nous connoissons des poissons qui dans ce moment
* Transact. philosophic]. 179$.
TOME I. £