la volonté de l’animal, qui d’ailleurs, après avoir diminué
le diamètre de cette ouverture, peut la fermer en totalité
par une membrane particulière attachée au côté de l’orifice,
le plus voisin du milieu du museau, et laquelle,
s étendant avec facilité jusqu’au bord opposé, ets’j collant
, pour ainsi dire, peut faire l’office d’une sorte de
soupape, et empêcher que l’eau chargée des émanations
©dorantes ne parvienne jusqu’à un organe très-délicat,
dans les momèns où la bâtis n’a pas besoin d’ètre avertie
de la présence des objets extérieurs, et dans ceux où
son sjstême nerveux seroit douloureusement affecté
par une action trop vive et trop constante. Le sens de
l’odorat étant, siTon peut parler ainsi, le sens de la
vue des poissons, et particulièrement de la bâtis * *, cette
sorte de paupière leur est nécessaire pour soustraire un
organe très-sensible à la fatigue ainsi qu a la destruction,
et pour se livrer au repos et.au sommeil, de même que
l’homme et les quadrupèdes ne pourroient, sans la véritable
paupière qu’ils étendent souvent au devant de
leurs jeux, ni éviter des veilles trop longues et trop
multipliées, ni conserver dans toute sa perfection et sa
délicatesse celui de leurs organes dans lequel s’opère
'la vision.
Au reste, nous avons déjà exposé la conformation de
l’organe de l’odorat dans les poissons, non seulement
dans les osseux, mais encore dans les cartilagineux, et
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particulièrement dans les raies’. Nous avons vu que,
dans ces derniers animaux, l’intérieur de cet organe
étoit composé de plis membraneux et disposés transversalement
des deux côtés d’une sorte de cloison. Ces
plis ou membranes aplatis sont garnis, dans la bâtis, et
dans presque toutes les espèces de raies, d’autres membranes
plus petites qui les font paroître comme frangés.
Ils sont d’ailleurs plus hauts que dans presque tous les
poissons connus, excepté lessqualles; et comme la cavité
qui renferme ces membranes plus grandes et plus nombreuses,
ces surfaces plus larges et plus multipliées, est
aussi plus étendue que les cavités analogues dans la
plupart des autres poissons osseux et cartilagineux, il
n’est pas surprenant que presque toutes les raies, et
particulièrement la bâtis, aient le sens de l’odorat bien
plus parfait que celui du plus grand nombre des habi-
tans des mers ; et voilà pourquoi elles accourent de très-
loin, ou remontent de très-grandes profondeurs, pour
dévorer les animaux dont elles sont avides.
L’011 se souviendra sans peine de ce que nous avons
déjà dit de la forme de l’oreille dans les poissons, et
particulièrement dans les raies’. Nous n’avons pas besoin
de répéter .ici que les cartilagineux, et particulièr
* Discours sur la nature des poissons. —— La planche qui représente la
raie thouin montre aussi d’une manière très - distincte l ’organisation intérieure
de l’organe de l’odorat dans la plupart des raies, et des autres poissons
cartilagineux.
* Discours sur la nature des poissons..