corps proprement dit, et des nageoires pectorales, que
celle de presque toutes les autres raies ; et l’ensemble
de son corps, si on en retranehoit la queue, ressemble-
roit assez bien à un cercle, ou, pour mieux dire, à un
ovale dont on auroit supprimé un segment vers le milieu
du bord antérieur. L’ouverture supérieure de ses
évents est ordinairement entourée d’une membrane
plissée, qui fait paroître, cet orifice comme dentelé.
Autour de la partie supérieure de son corps et auprès
de l’épine dorsale, on voit une assez grande quantité
de petits trous d’où suinte une liqueur muqueuse r
plus ou moins abondante dans tous les poissons, et qui
ne sont que les ouvertures des canaux ou vaisseaux
particuliers destinés à transmettre ce suc visqueux aux
differentes portions de la surface de ranimai. Deux nageoires
nommées dorsales sont placées sur la queue; et
l’extrémité de cette partie est garnie d’une nageoire et
divisée, pour ainsi dire,, par cette même extrémité, eu
deux lobes, dont le supérieur est le plus grand.
La torpille est blanche par dessous ; mais la couleur
de son côté supérieur varie suivant l’âge, le sexe et le
climat. Quelquefois cette couleur est d’un brun cendré,
et quelquefois elle est rougeâtre; quelques individus
présentent une seule nuance, et dautres ont un très-
grand nombre de taches. Le plus souvent on en voit
sur le dos cinq très grandes, rondes, disposées comme
aux cinq angles d’un pentagone, ordinairement d'un,
bleu foncé, entourées tantôt d’un cercle noir, tantôt
cl’un cercle blanc, tantôt de ces deux cercles placés
1 un dans l’autre , ou ne montrant aucun cercle coloré.
Ces grandes taches ont assez de rapports avec celles
que l’on observe sur le miralet : on les a comparées à
des jeux; elles ont fait donner à l’animal l’épithète
d oeillé; et c’est leur absence, ou des variations dans
leurs nuances et dans la disposition de leurs couleurs ,
qui ont fait penser à quelques naturalistes que l’on
devoit compter quatre espèces différentes de torpille,
ou du moins quatre races constantes dans cette espèce-
de raie *.
L’odorat de la torpille semble être beaucoup moins-
parfait que celui de la plupart des raies, et de plusieurs
autres poissons cartilagineux; aussi sa sensibilité paroît-
elle beaucoup moindre : elle nage avec moins de vitesse ;
elle s’agite avec moins d’impétuosité ; elle fuit plus-
difficilement ; elle poursuit plus foiblement; elle combat
avec moins d’ardeur; et avertie de bien moins loin
de la présence de sa proie ou de celle de son ennemi,
on diroit qu’elle est bien plus exposée à être prise par les--
pêcheurs, ou. à succomber à la faim, ou à périr sous la:
dent meurtrière de très-gros poissons,.
Elle ne parvient pas non plus à une grandeur aussi-
considérable que la bâtis et quelques autres raies ; on.
n’en trouve que très-rarement et .qu’un bien petit
nombre d’un poids supérieur à vingt-cinq kilogrammes-
* Voyez l’ouvrage de Rondelet, à l’endroit déjà, cité,