* D I S C O U R S
et répandue à la surface du corps par plusieurs ouver-
tures. Le nombre , la position, la forme de ces ouvertures,
de ces canaux déférens, de ces organes sécréteurs,
varient suivant les espèces ; mais, dans presque tous
les poissons , cette humeur gluante suinte particulièrement
par des orifices distribués sur différentes parties
de la tête , et par d’autres orifices situés le long du
corps et de la queue, placés de chaque côté, et dont
1 ensemble a reçu le nom de ligne latérale. Cette ligne
est plus sensible, lorsque le poisson est revêtu d’écaillés
facilement visibles, parce qu’elle se compose alors non
seulement dès pores excréteurs que nous venons d’indiquer,
mais encore d’un canal formé d’autant de petits
tujaux qu’il j a d’écailles sur ces orifices , et creusé
dans l’épaisseur de ces mêmes écailles. Elle varie d’ailleurs
avec les espèces, non seulement par le nombre,
et depuis un jusqu’à trois de chaque côté, mais encore
par sa longueur, sa direction, sa courbure, ses interruptions,
et les piquans dont elle peut être hérissée.
Cette substance visqueuse, souvent renouvelée, enduit
tout l’extérieur du poisson, empêche l’eau de filtrer
au travers des tégumens, et donne au corps, qu’elle
rend plus souple, la faculté de glisser plus facilement
au milieu des eaux, que cette sorte de vernis repousse,
pour ainsi dire.
L’huile animale, qui, vraisemblablement, est le
principe élaboré pour la production de cette humeur
gluante, agit donc directement ou indirectement, et
à l’extérieur et à l’intérieur des poissons; leurs parties
même les plus Compactes et les plus dures portent
l’empreiute de sa nature, et on retrouve son influence,
et même son essence , jusques dans la charpente solide
sur laquelle s’appuient toutes les parties mollesque nous
venons d’examiner.
Cette charpente, plus ou moins compacte, peut être
cartilagineuse ou véritablement osseuse. Les pièces qui
la composent présentent, dans leur formation et dans
leur développement, le même phénomène que celles qui
appartiennent au squelette des animaux plus parfaits
que les poissons ; leurs couches intérieures sont les premières
produites, les premières réparées, les premières
sur lesquelles agissent les différentes causes d’accroissement.
Mais lorsque ces pièces sont cartilagineuses, elles
diffèrent beaucoup d’ailleurs des os des quadrupèdes,
des oiseaux et de l’homme. Enduites d’une mucosité qui
n’est qu’une manière d’être de l’huile animale si abondante
dans les poissons , elles ont des cellules , et n’ont
pas de cavité proprement dite: elles ne contiennent pas
cette substance particulière que l’on a nommée moelle
osseuse dans l’homme, les quadrupèdes et les oiseaux:
elles offrent l’assemblage de différentes lames.
Lorsqu’elles sont osseuses, elles se'rapprochent davantage,
par leur contexture , des os de l’homme, des
oiseaux et des quadrupèdes. Mais nous devons renvoyer
au discours sur les parties solides des poissons
tout ce que nous avons à dire encore de la charpente