à la sortie des oeufs et de la liqueur laitêuse, sans trop
s’éloigner de la douce chaleur de la surface des rivières
ou des plages voisines des rivages marins, et sans trop
se dérober à l’influence de la lumière, qui leur est si’
souvent agréable et utile.
Sans les résultats de tous ces besoins qui agissent
presque toujours ensemble, il écloroit un bien plus
petit nombre de poissons. Les oeufs de ces animaux
ne peuvent, en1 effet, se développer que lorsqu’ils sont
exposés- à tel ou tel degré de chaleur, à telle ou telle
quantité de rayons solairé's, que lorsqu’ils peuvent être
aisément retenus par les aspérités ou la nature du1
terrain contre des flots trop agités ou des cpu-rans
trop rapides; ét d’ailleurs on peut assurer,- pour un’
très-grand nombre d’espèces, que si dès matières’ altérées
et trop actives s’attachent à cés oeufs, et n’en sont
pas assez promptement séparées par le mouvement
des eaux, ces mêmes oeufs se corrompent et pourrissent,
quoique fécondés depuis plusieurs jours*.
L’on diroit que plusieurs femelles, particulièrement'
celles du genre des salmones, sont conduites par lèur
instinct à préserver leurs oeufs de cette' décompôsi-
tion, en ne les déposant que dans dès endroits Ou
ils y sont moins exposés. On les voit, en effet, sé
frotter à plusieurs reprises et en diffèrens sens contre
le fond de l’eau, y préparer une place assez grande,
en écarter les substances molles, grasses et onctueuses,
n’y laisser que du gravier ou des cailloux bien nettoyés
par leurs mouvemens, et ne faire tomber leurs oeufs
que dans cette espèce de nid. Mais, au lieu de nous
presser d’admettre dans ces animaux une tendresse
maternelle très-vive et très-prévoyante, croyons que
leur propre besoin les détermine à l’opération dont
nous venons de parler, et que ce n’est que pour se
débarrasser plus facilement et plus complètement du
poids qui les blesse, qu’elles passent et repassent plusieurs
fois sur le fond qu’elles préfèrent, et entraînent,
par leurs divers frottemens, la vase, et les autres
matières propres à décomposer les oeufs.
Ils peuvent cependant, ces oeufs, résister plus longtemps
que presque toutes les autres parties animales
et molles à la corruption et à la pourriture. Un habile
observateur * a, en effet,Remarqué que quatre ou cinq
jours de séjour dans le corps dune femelle morte ne
sufpsoient pas,pour que leur altération commençât. Il
a pris les oeufs mûrs d’une truite morte depuis quatre
jours et déjà puante ; il les arrosés de la liqueur
laiteuse d’un mâle vivant ; il en a obtenu de jeunes
truites très-bien conformées. Le même physicien pense
que la mort d’un poisson,mâle pe doit pas empêcher le
fluide laiteux de cet animal d’être prolifique , tant qu’il
conserve sa fluidité. JVIais , quoi qu’il en .soit, à peine