montagnes, des déserts brûlans; ni comme les oiseaux,
par le froid de l’atmosphère au dessus des cimes congelées
des monts les plus élevés : ils; trouvent dans
presque toutes les portions des mers, et une nourriture
abondante, et une température à peu près égale.
Et quelle est la barrière qui pourroit s’opposer à leur
course au milieu d’un fluide qui leur résiste à peine,
et se divise si facilement à leur approche?
D’ailleurs , non seulement ils n’éprouvent pas, dans
le sein des ondes, de frottement pénible, mais toutes’
leurs parties étant de très-peu moins légères que l’eau,
et sur-tout que l’eau salée, les portions supérieures de
leur corps, soutenues par le liquide dans lequel elles
sont plongées, n’exercent pas une très-grande pression
sur les inférieures , et l’animal n’est pas contraint
d’employer une grande force pour contre-balancer les
effets d’une pesanteur peu considérable.
Les poissons ont cependant besoin de se livrer de
temps en temps au repos et même au sommeil. Lorsque,
dans le moment où ils commencent à s’endormir, leur
Vessie natatoire est très-gonflée et remplie d’un gaz
très-léger, ils peuvent être soutenus à différentes hauteurs
par leur seule légèreté, glisser sans efforts entre
deux couches de fluide, et ne pas cesser d’être plongés
dans un sommeil paisible, que ne trouble pas un mouvement
très-doux et indépendant de leur volonté. Leurs
muscles sont néanmoins si irritables, qu’ils ne dorment
profondément que lorsqu’ils reposent sur un fond
stable, que la nuit règne, ou qu’éloignés de la surface
des eaux,, et cachés dans une retraite obscure, ils ne
reçoivent presque aucun rayon de lumière dans des
yeux qu’aucune paupière ne garantit, qu’aucune membrane
clignotante ne voile, et qui par conséquent sont
toujours ouverts.
Maintenant, si nous portons notre vue en arrière,
et si nous comparons les résultats *de toutes les observations
que nous venons de réunir, et dont on trouvera
les détails et les preuves dans la suite de cette histoire,
nous admettrons dans' les poissons un instinct qui, en
s’affoiblissant dans les osseux dont le corps est très-
aplati, s’anime au contraire dans ceux, qui ont un
corps serpentiforme, s’accroît encore dans presque tous
les cartilagineux, et peut-être paroîtra, dans presque
toutes les espèces, bien plus vif et bien plus étendu
qu’on ne l’auroit pensé. On en sera plus convaincu,
lorsqu’on aura reconnu qu’avec très-peu de soins on
peut les apprivoiser, les rendre familiers. Ce fait, bien
connu des anciens, a été*très-souvent vérifié dans les
temps modernes. Il y a, par exemple, bien plus d’un
siècle que l’on sait que des poissons nourris dans des
bassins d’un jardin de Paris, désigné par la dénomination
de Jardin des Tuileries, aecouroient lorsqu’on
les appeloit, et particulièrement lorsqu’on prononçoit
le nom qu’on leur avoit donné. Ceux à qui l’éducation
dés poissons n’est pas étrangère, n’ignorent pas que
dans les étangs d’une grande partie de l’Allemagne,
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