jamais pins active que lorsque cet animal est .serré
fortement avee la main, et qu'il fait de grands efforts
pour s’échapper. u
Indépendamment des phénomènes que nous venons
d’exposer, il remarqua les deux organes particuliers
situés auprès du crâne et des branchies, et que nous
venons de décrire; et il conjectura que ces,t organes
dévoient être le siège de la puissance de la torpille.
Mais lorsqu’il voulut remonter à la cause de l’engourdissement
produit par cette raie, il ne trouva pas dans
les eonnoissances physiques de. sou siècle les secours
nécessaires pour la découvrir; et se conformant, ainsi
que Perrault et d’autres savans , à la manière dont on
expliquoit dç son temps presque tous les phénomènes,
il eut recours à une infinité de corpuscules qui sortent
continuellement, selon lui, du corps de la torpille, sont
cependant plus abondans dans Certaines circonstances
que dans d’autres, et engourdissent les membres dans
lesquels ils s’insinuent, soit parce qu’ils s’y précipitent
en trop grande quantité, soit parce qu’ils y trouvent
des routes peu assorties à leurs figures.
Quelque inadmissible que soit cette hypothèse, on
verra aisément, pour peu que l’on soit familier avec les
théories électriques, quelle n’est pas aussi éloignée de
la vérité que celle de Borelli, qui eut recours à une
explication plus mécanique.
Ce dernier auteur distinguoit deux états dans la torpille,
l’un où elle est tranquille, l’autre où elle s’agite
i) K s P O I s .s O N s. o5
par un violent tremblement; et il attribue la commotion
que l’on éprouve çn touchant le poisson, aux percussions
réitérées que cette raie exerce, à l’aide de son
agitation, sur les tendons et les ligamens des articulations.
Réaumur vint ensuite; mais ayant observé la torpille
avec beaucoup d’attention, et ne l’ayant jamais vue
agitée,du mouvement dont parle Borelli, même dans
Rinsfant omdjejalloit déployer sa puissance, il adopta
une opinion différente, quoique rapprochée , à beaucoup
tl’égards , de celle de ce dernier savant.
: « La torpille, dit-il, n’est pas absolument plate ; son
>> dos, ou plutôt tout le dessus de son corps, est un peu
» convexe. Je remarquai que, pendant qu’elle ne pro-
» duisoit ou ne vouloit produire aucun engourdisse-
» ment dans ceux qui la touchoient, son dos gardoit la
» convexité qui lui est naturelle. Mais se disposoit-elle
» à agir, insensiblement elle dimiuuoitla convexité des
» parties de son corps qui sont du côté du dos, vis-à-vis
» delà poitrine; elle aplatissoit ces parties; quelquefois
« même de convexes qu’elles sont, elle les rendoit Con-
» caves : alors l’instant étoit venu où l’engourdissement
» allôit s’emparer du bras; le coup étoit prêt à partir,
» le bras se trouvoit engourdi ; les doigts qui pres-
» soient le poisson étoient obligés de lâcher prise;
» foute la partie du corps de l’animal qui s’étoit aplatie,
» redevènoit convexe. Mais, au lieu qu’elle s’étoit aplatie
» insensiblement, elle devenoit convexe si subitement,